mercredi 10 février 2010

Hiver - Kallentoft présente Malin Fors


Voici les débuts en français d'un autre auteur suédois, Mons Kallentoft. Hiver est publié au Serpent à Plumes, dans une traduction de Max Stadler et Lucile Clauss.

L'action se déroule à Linköping, à côté du lac Roxen. Une région de champs, de forêts et de lacs.

Comme le titre l'indique fort bien, nous sommes en plein hiver. Un hiver particulièrement froid. Les couleurs se limitent au noir des forêts, au blanc de la neige et de la glace, au bleu ou au gris du ciel.

Le roman met en scène Malin Fors, une enquêtrice au sein de la police de Linköping. Séparée de son ex, Jan, elle vit seule avec sa fille de quatorze ans, Tove. Malin consacre l'essentiel de son temps à son travail mais s'efforce de veiller sur son ado. Tove est une fille modèle: elle ne boit pas (contrairement à maman qui lève parfois volontiers le coude), ne se drogue pas. Lorsqu'elle commence à fréquenter un garçon, Markus, c'est un fils de bonne famille, très poli et très sérieux. Ça existe encore des jeunes comme ça à notre époque?!
Qui veut se souvenir de gens qui souffrent? De perdants, de fous? Ces événements, ces gens, ce ne sont que des phénomènes secondaires, mademoiselle Fors. On sait qu'ils existent, mais on ne pense jamais à eux.
Alors que le froid glacial paralyse la campagne et la ville, un automobiliste remarque un étrange fruit accroché à un arbre, dans un champ. Un corps, obèse, nu et gelé, se balance doucement.

Malin et son collègue Zeke sont appelés sur les lieux. La victime a été sévèrement battue avant d'être tuée puis pendue. Qui pouvait vouloir tuer Bengt, surnommé le Ballon? C'était un être très isolé, socialement inadapté, qui n'avait plus de famille et pas d'amis.

Maria Murvall, une assistance sociale, était la seule à s'intéresser un peu à lui, à lui rendre visite, l'inciter à entretenir son petit logement, à parler. Mais Maria Murvall va fournir aux policiers bien plus de questions que de réponses.
Ténèbres. Les ténèbres qui naissent dans une âme jamais éclairée par le regard de l'autre. Qui dépérit et finit par essayer de se sauver elle-même.
Quelqu'un aurait-il voulu se venger du timide Bengt? Ou bien son meurtre si étrange est-il motivé par la folie de quelques adeptes du culte des anciens dieux vikings? Ou encore est-ce que les jeunes qui s'amusaient à martyriser le gros Bengt ont poussé un peu trop loin leur jeu pervers?

Malin Fors et ses collègues vont suivre les pistes qui se présentent, s'efforcer de comprendre un peu mieux la victime dans l'espoir de trouver son assassin.

* * *

Mons Kallentoft met bien à profit la nature de ce coin de Suède. Il nous dépeint le froid, la glace, la mélancolie des bois sombres et des champs en plein hiver. On gèle littéralement. Le contraste est saisissant avec le roman que je viens de lire, Det som ska sonas, où la température est extrême mais dans l'autre sens! De +30 à Tomelilla, me voilà passé à -25 à Linköping, simplement en tournant une page. Les auteurs suédois aiment les excès de température, on dirait.

Les flics d'Hiver ne sont pas follement originaux mais ils sont crédibles. La vie privée de Malin Fors est suffisamment complexe pour ne pas être ennuyeuse et on s'attend à des développements dans les prochains romans. Les ponts sont-ils définitivement rompus entre Jan et Malin? Sa liaison avec le journaliste Daniel Högfeldt va-t-elle rester strictement sexuelle? Comment vont évoluer les relations entre la mère et la fille?

Petite originalité: la victime, Bengt le Ballon, commente les événements - il ne révèle rien et ne peut nullement agir mais ses pensées s'attardent parmi les vivants, le temps de l'enquête.

Un polar glacé. Le rythme ralentit après les 250 premières pages mais cela reste un roman qui se lit très vite car il est difficile de lâcher la lecture. C'est plutôt bon signe.

Pour finir: un résumé de la série Malin Fors.

2 commentaires:

Canel a dit…

J'ai mis un peu de temps à m'installer dans cette lecture, les tergiversations sur l'équipe au début me semblaient longues, d'autant que je notais tous les noms nouveaux. J'ai bcp aimé la suite, les thèmes évoqués, et la fin, sans "courses-poursuites" et très émouvante.

Paul Arre a dit…

C'est ce que j'aime chez d'autres auteurs comme Theorin ou Arnaldur Indridason: le calme. Un calme trompeur, certes...

Kallentoft propose un récit bien équilibré avec un peu d'action, beaucoup d'observations, un peu d'introspection. Le tout servi glacé.

Je suis curieux de lire les suivants, voir si ma première bonne impression se confirme.