Été, de Mons Kallentoft (titre original Sommardöden), Éd. Serpent à plumes, 2010, 440 pages. Traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss.
Conseil: il vaut mieux éviter de lire la 4e de couverture. L'éditeur réussit l'exploit d'en dire peu tout en dévoilant malgré tout un événement qui ne se produit qu'à la fin du roman.
Malin Fors est de retour après un Hiver glacé. C'est désormais l'été à Linköping, et il fait chaud. Très chaud. Les polars suédois ont un faible pour les températures extrêmes. Les hivers y sont souvent très froids, les étés étouffants. Réalité ou bien vieux fantasme nordique?
La température excessive n'est toutefois pas le souci principal de Malin Fors. Elle et ses collègues doivent en effet faire face à un criminel très dangereux.
Une jeune fille est retrouvée dans un parc de la ville. Nue, blessée, récurée avec du produit d'entretien, elle ne se souvient pas de ce qui lui est arrivé. Sa mémoire est fermée à double tour. Les médecins découvrent rapidement qu'elle a été violée avec un objet peint en bleu, probablement un g0demiché.
Peu de temps après, sur une plage au bord d'un lac, un chien curieux déniche un cadavre enfoui sous le sable. Une autre jeune fille. Elle porte des marques très semblables à la première, notamment les traces de peinture bleue. Un tueur psychopathe est en liberté, la peur s'installe.
* * *
L'histoire se lit facilement, le récit coule doucement mais sûrement.
Quelques petits détails m'ont toutefois irrité.
Le premier, c'est la référence au "Mal", avec majuscule. À plusieurs passages du roman, un tueur qui visiblement relève de la psychiatrie est décrit comme "le Mal" ou "ce démon". Ça fait penser aux effets de manche d'un procureur en panne d'imagination. Suis-je censé frissonner en lisant que "le Mal rôde"? Franchement, après avoir lu une centaine de livres qui ont recours à ce cliché, ça me fait plutôt lever les yeux au ciel.
Le deuxième bémol c'est le "démon", justement. Un aspect du bonhomme est relativement intéressant, mais tout le reste a été lu et vu des dizaines de fois. Été n'a pas le petit côté piquant et original d'Hiver, du moins en ce qui concerne le(s) méchant(s).
Mons Kallentoft aborde par ailleurs des thèmes comme les préjugés sexistes, les préjugés racistes et la violence policière. À mon avis ça fait beaucoup pour un seul roman, mais l'approche de l'auteur n'est pas inintéressante et ça donne du piment à une intrigue qui en avait besoin.
Malin Fors et sa petite famille "recomposée" (décomposée?) sauvent la partie. On retrouve dans cet opus une Malin attachante et obstinée, avec ses menus défauts, sa fréquente tentation de noyer ses angoisses dans la téquila, ses interrogations amoureuses, sa relation parfois délicate avec sa fille Tove et toujours compliquée avec son ex, Jan-le-pompier-héros-qui-ne-tient-pas-en-place. Des humains pas vraiment parfaits, ou vraiment pas parfaits, mais qui s'en sortent finalement pas si mal.
Mons Kallentoft confirme, avec Été, un aspect particulier de ses personnages: les victimes de mort violente s'attardent parmi les vivants et commentent les événements. Leurs interventions ne sont pas fréquentes mais elles aident à rythmer le récit, à opérer certaines transitions. C'est un clin d'œil de l'auteur, une signature, un moyen de varier le point de vue du lecteur, bien plus qu'une intrusion du surnaturel dans le récit.
Autres avis: plusieurs liens sur Blog-o-Book, et en particulier (liste non exhaustive!) Les bonheurs de Sophie et Canel qui sont plutôt déçues alors que les opinions de Là où les livres sont chez eux et Lettres exprès sont nettement plus favorables.