mardi 1 juin 2010

L'Évangile du billet vert : Qui a tué l'athée?


L'Évangile du billet vert (titre original Salvation Boulevard), Larry Beinhart, Éd. Gallimard 2010, 377 pages. Traduit de l'anglais par Samuel Todd.

Quelque part au Nouveau-Mexique. Nathaniel MacLeod, prof de philosophie à l'Université du Sud-Ouest, est retrouvé dans son bureau, une balle dans la tête. Le suicide est envisagé dans un premier temps, mais très rapidement un étudiant américain d'origine iranienne -Ahmad Nazami- est arrêté et inculpé. L'avocat du jeune homme confie à un détective privé, Carl Vanderveer, le soin de creuser l'affaire et d'interroger les proches de MacLeod afin de trouver des éléments qui pourraient aider la défense.

La victime était ouvertement athée. L'accusé est musulman chiite. Son avocat est juif. Le privé est un chrétien version protestant évangélique. Sacré mélange.

Vanderveer est un chrétien born-again. Ex-flic, ex-pécheur impénitent, ex-alcoolo sur les bords, il a découvert Jésus grâce au pasteur Paul Plowright.

Le bon pasteur est à la tête de la CTM (la Cathédrale du Troisième Millénaire). Il dirige un troupeau de plusieurs milliers d'âmes, dont bon nombre sont flics, matons ou militaires. Plowright n'aimait pas l'impie MacLeod, mais il déteste tout autant le terrorisme islamique dont Nazami est, selon lui, un élément.

C'est dans ce milieu que trempe désormais Vanderveer, sa femme Gwen (qui pimente leurs ébats de citations bibliques!) et sa fille Angie.

La situation de Vanderveer devient inconfortable dès lors qu'il accepte de travailler pour l'avocat Goldfarb, et donc pour Nazami. Cela déplaît en effet fortement à Plowright et la CTM, qui assimilent la défense du jeune musulman à une défense du terrorisme anti-américain.

Écartelé entre son professionnalisme et sa vieille amitié avec Goldfarb d'une part, sa femme et son engagement à la CTM d'autre part, Vanderveer va vivre une drôle de traversée du désert et croiser des "Anges", une veuve jalouse et nymphomane, des gangsters, quelques illuminés, deux mystérieux Fédéraux et autres personnages plus ou moins bizarres...

* * *

L'Évangile du billet vert propose une enquête divertissante dans une société américaine divisée: évangélistes contre juifs et cathos, Blancs contre Mexicains, patriotes contre traîtres, religieux contre laïques.

Beinhart ne parvient pas à créer un personnage central entièrement crédible: Vanderveer est bien trop sympathique! J'ai eu du mal à croire qu'une personne ouverte et intègre puisse adhérer au discours de la CTM, qui n'est que bigoterie et paranoïa.
Malgré tout l'intrigue est très prenante, et bien que la conclusion ne soit pas follement originale les rebondissements sont suffisamment nombreux pour maintenir la curiosité du lecteur.

* * *

En accompagnement de ce polar je recommande un essai très bien fait et drôle: Pour en finir avec Dieu, de Richard Dawkins, paru au format poche chez Perrin, coll. Tempus (titre original The God Delusion, traduit de l'anglais par Marie-France Desjeux-Lefort).

Un film est prévu pour 2011 aux USA: Salvation Boulevard.

2 commentaires:

Nancy a dit…

Je crois que la "tendance" se maintient! Tu déroges du polar polaire! Bravo! Pour mon grand plaisir! Mais....je me demande...es-tu en vacance, pour avoir le temps de lire à ce point??

Paul Arre a dit…

J'ai un problème de planning... Été tarde à arriver, idem pour le Anna Jansson en poche. Alors je pioche dans des nouveautés hors Scandinavie.

Tu trouves que je lis vite? C'est une illusion d'optique! (La Maison est un petit bouquin.) Je ne suis hélas pas en vacances. Snif.