dimanche 14 mars 2010

Le Dresseur d'insectes - Encore un verre, mon bouchon?


Le Dresseur d'insectes (titre original Dauði trúðsins), Arni Thorarinsson, Éd. Métailié 2008, publié au format de poche chez Points en 2009; traduit de l'islandais par Éric Boury. Pour un récapitulatif de la série, voir ce billet.

"Mister Hyde se cachera toujours derrière le docteur Jekyll"

L'histoire commence ainsi:
"Au début du mois de juin, sous la pression de Trausti Löve, son directeur de rédaction, avide d’informations à sensation, Einar, le correspondant du Journal du Soir à Akureyri, publie un article sur une vieille bâtisse abandonnée dont la rumeur affirme qu’elle est hantée. Une femme qui se présente sous le nom de Victoria et se prétend médium contacte Einar.
Alors que la grande fête du Week-end des Commerçants va commencer, Einar accueille à l’aéroport sa fille et son petit ami (...) Le lendemain de la fête tout le monde a beaucoup bu, plusieurs agressions ont été commises, plusieurs viols aussi. Einar reçoit à nouveau un appel de Victoria qui, d’une voix alcoolisée, lui demande de se rendre au plus vite et avec des policiers dans la vieille maison. Avec le commissaire Olafur Gisli, il découvre le corps d’une jeune fille étranglée serrant dans sa main un message..."
Je censure le reste. Beaucoup trop bavard, le site de Métailié.

"The trainer of insects is crouched on his knees / And frantically looking for runaway fleas"

J'ai retrouvé avec plaisir le journaliste Einar, sa "grande" ville du nord, Akureyri, son ironie qui n'épargne rien ni personne (pas même lui). Il s'implique plus personnellement dans cette aventure car il y est souvent question de l'emprise de la drogue et de l'alcool. Or en matière de boissons alcoolisées et de gueules de bois Einar (désormais abstinent) en connaît un rayon. Il découvre que sa grande fille aime bien "faire la fête" elle aussi, ce qui ne manque pas de l'inquiéter quelque peu.

"My makeup is dry and it clags on my chin / I'm drowning my sorrows in whisky and gin"

Joa est malheureusement peu présente dans le récit car elle remplace Asbjörn, parti en vacances en Espagne. C'est Agust Örn, un drôle de jeune homme raide et dogmatique, qui se charge temporairement des photos aux côtés d'Einar.

Le commissaire Olafur Gisli Kristjansson est par contre très actif. La discrète et fructueuse relation de travail entre le commissaire et le journaliste s'approfondit.

"The old fortune teller lies dead on the floor / Nobody needs fortunes told anymore"

Une figure féminine étonnante occupe la place laissée libre par Joa: la mystérieuse Victoria, prétendue médium. Dotée d'un fort caractère, elle jure comme un charretier et se maquille avec une truelle, mais va néanmoins établir avec Einar une forme de complicité. Victoria en sait-elle autant qu'elle le prétend? Si oui, comment? Serait-elle vraiment médium?

Voilà un personnage fort réussi, à la fois profond, drôle et touchant, qui apporte énormément à l'histoire.

* * *

Comme pour Le Temps de la sorcière, quelques références musicales se glissent dans le récit. Dans Le Dresseur d'insectes la place d'honneur est occupée par The Kinks, particulièrement la chanson Death Of A Clown (1967).

Le Dresseur d'insectes est un polar agréable doté d'une intrigue bien construite, un récit divertissant qui offre en prime un aperçu -critique mais affectueux- de la société islandaise. Arni, tu reviens quand tu veux, ma bibliothèque t'est ouverte.

À lire:

3 commentaires:

Gabrielle a dit…

Salut,
J'ai découvert ton blogue par hasard (sur la carte des L.B.F. de Blog-o-Book) et je me suis permise de l'ajouter à mes liens. Il est chouette ! Est-ce que tu es suédois ?
J'ai lu ton billet et l'entrevue avec l'auteur est passionnante.
Gabrielle

Paul Arre a dit…

Salut Gabrielle,

Merci de ta visite! Non, je ne suis pas Suédois mais j'ai eu jadis quelques liens avec ce pays, et de bien trop rares séjours.

L'interview est en effet pas mal intéressante. Je te conseille de visiter le blog du traducteur français d'Arni Thorarinsson, Éric Boury. Il fait souvent part d'articles ou entrevues concernant "ses" auteurs (parmi lesquels Maître Arnaldur).

Gabrielle a dit…

D'accord, merci pour le tuyau.