mardi 27 juillet 2010

Été, de Mons Kallentoft


Été, de Mons Kallentoft (titre original Sommardöden), Éd. Serpent à plumes, 2010, 440 pages. Traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss.

Conseil: il vaut mieux éviter de lire la 4e de couverture. L'éditeur réussit l'exploit d'en dire peu tout en dévoilant malgré tout un événement qui ne se produit qu'à la fin du roman.

Malin Fors est de retour après un Hiver glacé. C'est désormais l'été à Linköping, et il fait chaud. Très chaud. Les polars suédois ont un faible pour les températures extrêmes. Les hivers y sont souvent très froids, les étés étouffants. Réalité ou bien vieux fantasme nordique?

La température excessive n'est toutefois pas le souci principal de Malin Fors. Elle et ses collègues doivent en effet faire face à un criminel très dangereux.

Une jeune fille est retrouvée dans un parc de la ville. Nue, blessée, récurée avec du produit d'entretien, elle ne se souvient pas de ce qui lui est arrivé. Sa mémoire est fermée à double tour. Les médecins découvrent rapidement qu'elle a été violée avec un objet peint en bleu, probablement un g0demiché.

Peu de temps après, sur une plage au bord d'un lac, un chien curieux déniche un cadavre enfoui sous le sable. Une autre jeune fille. Elle porte des marques très semblables à la première, notamment les traces de peinture bleue. Un tueur psychopathe est en liberté, la peur s'installe.

* * *

L'histoire se lit facilement, le récit coule doucement mais sûrement.

Quelques petits détails m'ont toutefois irrité.

Le premier, c'est la référence au "Mal", avec majuscule. À plusieurs passages du roman, un tueur qui visiblement relève de la psychiatrie est décrit comme "le Mal" ou "ce démon". Ça fait penser aux effets de manche d'un procureur en panne d'imagination. Suis-je censé frissonner en lisant que "le Mal rôde"? Franchement, après avoir lu une centaine de livres qui ont recours à ce cliché, ça me fait plutôt lever les yeux au ciel.

Le deuxième bémol c'est le "démon", justement. Un aspect du bonhomme est relativement intéressant, mais tout le reste a été lu et vu des dizaines de fois. Été n'a pas le petit côté piquant et original d'Hiver, du moins en ce qui concerne le(s) méchant(s).

Mons Kallentoft aborde par ailleurs des thèmes comme les préjugés sexistes, les préjugés racistes et la violence policière. À mon avis ça fait beaucoup pour un seul roman, mais l'approche de l'auteur n'est pas inintéressante et ça donne du piment à une intrigue qui en avait besoin.

Malin Fors et sa petite famille "recomposée" (décomposée?) sauvent la partie. On retrouve dans cet opus une Malin attachante et obstinée, avec ses menus défauts, sa fréquente tentation de noyer ses angoisses dans la téquila, ses interrogations amoureuses, sa relation parfois délicate avec sa fille Tove et toujours compliquée avec son ex, Jan-le-pompier-héros-qui-ne-tient-pas-en-place. Des humains pas vraiment parfaits, ou vraiment pas parfaits, mais qui s'en sortent finalement pas si mal.

Mons Kallentoft confirme, avec Été, un aspect particulier de ses personnages: les victimes de mort violente s'attardent parmi les vivants et commentent les événements. Leurs interventions ne sont pas fréquentes mais elles aident à rythmer le récit, à opérer certaines transitions. C'est un clin d'œil de l'auteur, une signature, un moyen de varier le point de vue du lecteur, bien plus qu'une intrusion du surnaturel dans le récit.

Autres avis: plusieurs liens sur Blog-o-Book, et en particulier (liste non exhaustive!) Les bonheurs de Sophie et Canel qui sont plutôt déçues alors que les opinions de Là où les livres sont chez eux et Lettres exprès sont nettement plus favorables.

dimanche 25 juillet 2010

Johan Theorin séduit la CWA (une fois de plus!)

C'est finalement The Darkest Room de Johan Theorin qui a emporté l'International Dagger 2010 de la Crime Writers Association britannique (voir le précédent billet du 21 mai pour les nominations).


Publié en français sous le titre L'Écho des morts (billet), le deuxième roman de cet auteur très particulier est un de mes gros coups de cœur. Je suis donc très content de cette nouvelle, d'autant plus que les autres auteurs pressentis étaient des "pointures".
Autre raison de satisfaction, j'avais vu juste!
[Billet du 21 mai] Ce blog restera évidemment d'une neutralité absolue. Pas question de badiner avec l'éthique blogosphérique.
(Allez Johan, allez Johan, alleeeeez! Darkest Room! Darkest Room! Darkest Room!)
Et j'avais expliqué les raisons de mon choix en commentaire:
Parmi les trois bouquins que j'ai lu c'est selon moi The Darkest Room qui mériterait la palme (enfin... la dague). Les deux autres sont très bons, mais s'inscrivent clairement dans une suite. Hypothermie par exemple ne devient excellent que quand on le lit dans le cadre de la série créée par Arnaldur Indridason, car il apporte un éclairage essentiel à l'ensemble. Alors que The Darkest Room est beaucoup plus "autonome".
Ce n'est pas souvent que je suis d'accord avec un jury, je ne vais pas bouder mon plaisir :-)

* * *

Ce n'est pas la première fois que Theorin visite Londres puisque Echoes from the Dead (en français: L'Heure trouble, billet), avait reçu la New Blood Dagger qui récompense un premier polar.
[site de la CWA] Swedish writer Johan Theorin has won the CWA International Dagger and a prize of £1000 for his novel The Darkest Room. His translator Marlaine Delargy wins £500.

This is the pair’s second Dagger triumph in as many years: last year he scooped the CWA John Creasey (New Blood) Dagger for best first novel (...)

The Judges praised his book, saying: ‘Four plot strands whorl around the vortex of an unexplained death. It is impossible to reduce this mysterious novel to ghost story, a police procedural or a gothic tale.’

Un trophée mérité pour un roman envoûtant. Hurray for Johan!
(© photo Laurent Denimal - avec l'aimable autorisation du photographe)

samedi 24 juillet 2010

À surveiller cet automne (suite)


Trois autres traductions attendues prochainement, dont deux "mammouths".

Anders Roslund & Börge Hellström reviennent en octobre aux Presses de la Cité avec leur deuxième roman, Box 21, qui a pour thème principal le trafic humain.
Le roman était sur les rangs en 2005 pour le titre de meilleur polar suédois de l'année, mais c'est finalement Skuggan i vattnet (L'ombre dans l'eau) d'Inger Frimansson qui l'avait emporté (je me répète, mais Frimansson va -enfin- être traduite en français prochainement).

Du côté d'Actes Sud et de leur fameuse collection Actes noirs, un gros succès suédois de l'été 2009 ne devrait plus tarder chez nous: L'hypnotiseur, de Lars Kepler.
Une famille est presque décimée: papa dans le vestiaire d'un aréna, maman et une fille dans leur petite maison. Le garçon survit, gravement blessé. Qui a voulu supprimer ces gens et pourquoi? La police fait appel à un médecin afin de débloquer la mémoire du jeune garçon grâce à l'hypnose.

Ce polar a beaucoup fait parler en Suède, en grande partie parce que Lars Kepler est un pseudonyme. Le suspense a duré quelques mois avant que le mystère soit levé. Lars Kepler cache en fait un couple d'écrivains, Alexandra et Alexander Ahndoril.
Le 2e roman de la série, Paganinikontraktet, est sorti cet été.

En dehors du polar, Le faux ami de Henrik B. Nilsson (Suède) va sortir chez Grasset dans les premiers jours de septembre. Lu sur le site de l'éditeur: "Avril 1910, panique sur terre et dans le ciel. La comète de Halley est sur le point de frôler notre planète, et la succession du pape Léon XIII est imminente. A Vienne, Hermann Freytag, correcteur à l’ancienne, retraité depuis peu, passe ses journées au Café Sperl, à dépouiller les journaux et à ruminer des idées de romans. Dans cette ambiance de fin de monde, le célèbre Boris Basch, auteur de livres à succès, annonce à son éditeur qu’il vient de terminer son roman et que Freytag est le seul correcteur en qui il a confiance (...)"

Préparez vos fauteuils et faites un peu de place sur les étagères, la fin de l'été approche!

samedi 17 juillet 2010

C'est l'été

C'est l'été, tout tourne au ralenti, y compris de nombreux blogs.

En pleine cure d'essais (sans le moindre rapport avec la littérature en général ou le polar en particulier) je réserve quand même un peu de temps au nouveau Mons Kallentoft, Été. La tenace Malin Fors fait face à un tueur psychopathe ainsi qu'à une vague de canicule.
C'est le genre de bouquin qui se lit mieux affalé dans une chaise longue, sous un figuier, un grand verre de citronnade (Qc: limonade) fraîche à portée de main.

* * *

Du repos estival au repos éternel il n'y a que quelques pas. J'ai récemment découvert deux bonnes suggestions de pierres tombales.
La première est en couverture de Rien à craindre de Julian Barnes chez Folio:



Il ne manque qu'une bonne tasse de café, et la journée l'éternité peut commencer!

La deuxième, vue sur le blog Bokbabbel, séduira les collectionneurs de bouquins:


Quitte à les empiler partout, depuis la table de nuit jusqu'au frigo en passant par la niche du chat, pourquoi pas aussi sur notre tombe? À moins que ce soit une allusion à la PAL ultime (tous ces bouquins que la Faucheuse nous empêchera de lire).


Bon été, bon repos, bonnes lectures!