dimanche 24 janvier 2010

La reine dans le palais des courants d'air


Après Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, puis La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette, la série Millénium de Stieg Larsson se termine -hélas- avec La reine dans le palais des courants d'air (Actes Sud, titre original: Luftslottet som sprängdes, trad. Lena Grumbach et Marc de Gouvenain). Quatrième de couv' et info sur la version anglaise sur le site SkandiLit.

La mort de l'auteur en 2004, peu de temps avant la publication des bouquins en Suède aux éditions Norstedts, a transformé en trilogie ce qui aurait pu durer un peu plus longtemps (Stieg Larsson aurait déclaré avoir des idées pour une dizaine de romans).

Comment expliquer un tel succès? Chacun a ses idées sur la question. Le fait que l'action se déroule en Suède joue un rôle très secondaire. L'exotisme des noms de lieux ou de personnes aurait plutôt pour effet de lasser des lecteurs en quête d'un bouquin pour passer le temps. Les aspects plus importants sont d'après moi: 1) le personnage de Lisbeth Salander, hautement improbable mais si bien décrite qu'elle est le personnage le plus attachant de la trilogie; 2) la mise en scène de la lutte du bien contre le mal; 3) le goût des détails, clef d'un mariage réussi entre fiction et réalité.

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Largo, ma non troppo

La progression de l'intrigue va crescendo d'un volume à l'autre. Dans le premier tome, le cadre et le nombre de personnages sont très restreints. Nous découvrons la rédaction de Millénium avec Erika Berger et Mikael Blomkvist, Milton Security et Lisbeth Salander, Hedeby et les quelques membres de la famille Vanger qui résident sur la petite île de Hedebyön. Le cadre est intime, l'intrigue classique (une disparition, des meurtres, une enquête). La fin du récit -lorsque le scandale Wennerström éclate- donne le ton des romans suivants.

Le deuxième volume élargit le cadre de l'action. Il est désormais question de trafic de femmes à l'échelle du pays, de gangstérisme impliquant d'anciens pays du bloc de l'Est, et on commence à parler d'espionnage et de la police secrète suédoise, la "Säpo". Avec La reine dans le palais des courants d'air l'enquête atteint les sommets de l'État et implique aussi bien la police "normale" que la Säpo et le gouvernement (le premier ministre intervient personnellement).

Je trouve cette progression intéressante. Le mot "symphonique" est peut-être un peu fort mais cette image m'est venue en lisant le troisième volume: une trilogie symphonique.

Ou, pour rester plus simple: une maudite bonne trilogie!

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The Lady of the Rings

Tandis que le deuxième volume révélait le passé de Lisbeth Salander, ses relations familiales compliquées, les raisons de sa profonde méfiance envers "l'Autorité", le troisième tome est celui des règlements de comptes. Le Bien triomphe du Mal, et Sauron Teleborian en prend pour son grade. Cet aspect joue indéniablement un rôle dans le succès de Millénium. Ce n'est pas désagréable lorsque le gentil (surtout s'il est petit, frêle et asocial) met une raclée aux méchants.

On peut s'amuser à trouver d'autres points communs avec The Lord of the Rings. Lisbeth a, elle aussi, une communauté pour lui venir en aide (l'équipe de Millénium, Armanskij, Annika Giannini), elle fait face à des très méchants très puissants, et la grande amatrice de piercing qu'elle est ne manque certainement pas d'anneaux.

Lisbeth Salander a un rôle plus discret dans le dernier volume, ce qui n'est guère étonnant puisqu'elle se remet de graves blessures. Mais c'est fou ce qu'elle est capable de faire avec un ordinateur de poche et une connexion Internet! Une vraie magicienne... du clavier.

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X2000

Tandis que Lisbeth Salander se repose à l'hôpital Sahlgrenska, plusieurs personnages font des allers et retours entre Stockholm et Göteborg à bord du X2000.

C'est le TGV suédois. Il parcourt les 455 km qui séparent les deux villes en 2h52, un peu plus de trois heures s'il y a des arrêts (Wikipedia).

Si vous voulez voyager à tarif raisonnable il vous faudra vous lever avant l'aube afin d'embarquer aux aurores. Voyager dans la journée coûte cher. Pour être tout à fait honnête: tout coûte cher, en Suède!

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La Säpo

La Säpo (Säkerhetspolisen, "la police de sécurité") est un service secret en charge de la sécurité intérieure. Leur boulot consiste à traquer les espions ou cellules terroristes, protéger les personnalités politiques, etc. Leur slogan: Nous protégeons la Suède et la démocratie.

Comme il s'agit d'un service secret, la Säpo a toujours titillé l'imagination des paranoïaques et des auteurs de polars.

Elle est régulièrement soupçonnée de planifier des assassinats (par exemple celui d'Olof Palme en 1986) ou de protéger des coupables.

Stieg Larsson lui donne un rôle important dans les volumes 2 et 3 de sa trilogie, mais évite d'en faire un épouvantail. Il a au contraire une approche réaliste des choses et la Säpo n'est pas traitée différemment que le corps des médias ou la police nationale: il y a des sales types -et des gens biens- un peu partout.

Lisbeth Salander a une autre approche. Juges, flics, espions, truands ou journalistes: qu'ils lui foutent tous la paix!

* * *
La Complainte des Frustrés

Le boxeur Paolo Roberto, qui apparaît dans le deuxième tome, existe bel et bien. Le troisième volume met lui aussi en scène (très brièvement) un individu réel: Kurdo Baksi.

Je ne m'en serais pas rendu compte si Baksi n'avait pas eu l'idée de sortir ce mois-ci une biographie sur Stieg Larsson. Le bouquin est amplement critiqué par des proches de Larsson qui vont jusqu'à plaider pour un retrait du livre (voir ce précédent billet).

Baksi n'est pas seul à critiquer "amicalement" Stieg Larsson le journaliste, ou Stieg Larsson l'auteur. Un journaliste du Dagens Nyheter a récemment repris une ancienne rumeur: Larsson ne serait pas l'auteur de Millénium; il aurait apporté les idées, mais l'auteur serait en fait sa compagne, Eva Gabrielsson. Le titre de l'article affirme tranquillement que "Stieg Larsson ne savait pas écrire" (Stieg Larsson kunde inte skriva). Hellberg se base sur ses souvenirs: il a travaillé pour TT en même temps que Larsson, à la fin des années 70, début des années 80. À cette époque, selon lui, Larsson était un excellent recherchiste mais il écrivait comme un pied.

Il est bien possible que Gabrielsson ait donné un coup de main à Stieg Larsson pour la rédaction de Millénium, mais les allégations de Hellberg sont douteuses pour diverses raisons: 1) plus de vingt ans séparent la période des souvenirs de Hellberg à TT et celle de la remise des manuscrits à Norstedts; 2) si Gabrielsson est l'auteur de la trilogie, pourquoi ne la continue-t-elle pas? Non seulement il y a un énorme marché pour un éventuel quatrième tome, mais en plus Gabrielsson n'a pas touché un sou de l'héritage. C'est ce qu'on appelle une grosse motivation; 3) enfin l'éditeur, Norstedts, ne croit pas à cette théorie: c'est avec Stieg Larsson que se tenaient les discussions sur le manuscrit.

Mais le meilleur passage de cet article de Hellberg, c'est lorsqu'il cite "l'ami" Kurdo Baksi:  
"Je n'ai pas voulu lire le manuscrit de la trilogie Millénium car je ne pensais tout simplement pas que cela pouvait être bon. Je suis un bien meilleur écrivain qu'il ne l'était", a déclaré Kurdo Baksi lorsque je l'ai contacté entre deux interviews. "Encore aujourd'hui, le fait qu'il ait pu écrire ces livres est pour moi une énigme". (Jag vägrade att läsa manus till Millenniumtrilogin för jag trodde helt enkelt inte att den kunde vara bra. Jag är en bättre skribent än vad han var, säger Kurdo Baksi när jag når honom när han är på väg mellan olika intervjuer. Det är fortfarande för mig en gåta hur han kunde skriva dessa böcker.)
Ce genre de réactions est inévitable. Les auteurs à succès sont toujours poursuivis par la jalousie d'anciens collègues de travail, d'anciens "amis", mais aussi de certains critiques littéraires, qui vivent comme une profonde injustice le fait de ne pas vendre autant de bouquins qu'eux.

* * *

Quoi qu'en disent les aigris, Millénium a su plaire à un grand nombre de lecteurs. Même l'édition américaine se vend bien, alors que les USA ont la réputation d'être un marché difficile pour les traductions. Sony Pictures serait même intéressé à réaliser sa propre version cinématographique (billet du 21/12).

Dommage que l'aventure s'arrête là. Bye bye, Lisbeth, adjö!

mercredi 20 janvier 2010

Un "ami" de Stieg Larsson publie une bio controversée


"Seigneur, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge."

Un bouquin vient de sortir en Suède. Il fait déjà beaucoup parler puisque ça concerne Stieg Larsson.

Ceux qui ont lu la trilogie pourront commencer par sortir le tome 3 et regarder à la page 238. Mikael Blomkvist vient demander un service à Kurdo Baksi, patron des éditions Svartvitt.

Kurdo Baksi existe, Svartvitt également (quelques infos sur cette page en anglais d'Expo, le magazine où bossait Larsson). C'est précisément ce Baksi qui est l'auteur de "Min vän Stieg Larsson" (Mon ami Stieg Larsson), sorti aux éditions Nordstedts il y quelques jours (en parallèle de l'édition papier sont également disponibles le livre lu, CD ou MP3, et le livre électronique, voir par exemple le site Adlibris).

Les réactions sont mitigées car Baksi parle d'articles biaisés et de données carrément inventées par Larsson à l'époque où celui-ci bossait à TT (l'équivalent suédois de l'AFP). Larsson y aurait été un "journaliste médiocre manquant d'objectivité" (The Local).

Åsa Linderborg d'Aftonbladet semble douter de l'amitié qui, selon Baksi, existait entre lui et Larsson. La compagne de ce dernier, Eva Gabrielsson, a réagi très vivement: "Kurdo is trying to do a character assassination of Stieg as a journalist. This is pure slander" (The Local, article découvert grâce à Nordic Bookblog). Elle aussi remet en cause le lien "amical" entre Baksi et Larsson: "Gabrielsson says that Stieg Larsson only cooperated with Baksi for a short period on an anti-racist magazine and a few political articles in the 1990s and that Baksi did not actually know the author that well". Baksi de son côté déclare que Larsson l'appelait "petit frère" tandis que lui-même appelait la compagne de Larsson "grande sœur".

L'ancien boss de Larsson à TT a de son côté fait connaître sa bonne opinion du travail fourni par son ancien employé, mettant en cause les allégations de Baksi.

Baksi (qui affirme que Larsson était son meilleur ami, Dagens Nyheter) a réagi face à ces vigoureuses critiques (site de Sveriges Television): "Tout d'abord j'ai dit en effet que Stieg était un bon journaliste à Expo, mais pas à TT" (För det första så har jag ju sagt att Stieg var en bra journalist på Expo, men inte på TT). "Je ne pensais pas que mon copain était un mauvais journaliste, mais je ne trouvais pas non plus que c'était un très, très bon journaliste. C'était un journaliste médiocre et je crois qu'on peut tous être d'accord là-dessus" (Jag tyckte inte att min kompis var en dålig journalist, men han var inte heller en väldigt, väldigt bra journalist. Han var en medioker journalist och det tycker jag att vi alla kan vara överens om).

Dernière question posée par SvT: "Tu mentionnes trois articles. Larsson a travaillé de nombreuses années à TT. Est-ce que ces [trois] articles sont représentatifs de ses méthodes de travail comme journaliste?" (Du nämner tre artiklar. Larsson jobbade i många, många år på TT. Ska de representera hans journalistiska arbetsmetod?) Baksi répond: "Je ne pense pas que ces articles doivent représenter Stieg Larsson. Absolument pas. J'ai pensé que c'était un truc amusant et j'en ai parlé dans mon livre" (Jag tycker inte att de här artiklarna ska representera Stieg Larsson. Absolut inte. Jag tyckte att det var en rolig grej och skrev om det i min bok)

Véritable ami ou pas, la bio proposée par Kurdo Baksi devrait bien se vendre. Le petit parfum de dispute et de scandale qui entoure sa sortie ne pourra que booster un peu plus les ventes. L'éditeur a fait son choix.

Finalement, Stieg Larsson aura bien été l'un des rares à ne pas avoir profité du succès de Millénium.

Ajout 21/01: Mikael Ekman, reporter à Expo, a déclaré (Svenska Dagbladet) que le bouquin de Baksi contient des erreurs factuelles (par exemple l'affirmation selon laquelle Larsson forçait ses collaborateurs à travailler tellement dur qu'ils préféraient claquer la porte). Selon Ekman, la rédaction d'Expo se penche actuellement sur le contenu de la biographie de "l'ami" et fera sans doute connaître prochainement son avis dans un communiqué. Kurdo Baksi doit avoir les oreilles qui sifflent fortement depuis quelques jours!

dimanche 17 janvier 2010

Vendetta - autobiographie d'un tueur


J'ai toujours détesté les histoires de mafieux. Romans ou films.

Même pas fichu de voir en entier Le Parrain, avec le gros Brando. Je m'endors ou quitte la pièce. Sans parler de la pitoyable version avé l'assent tournée en France avec l'oubliable Roger Hanin dans le rôle du parrain. Ennui total. Manque d'intérêt. Dès que je vois un borsalino, je zappe.

J'ai donc été bien embêté en apprenant que le deuxième roman de R.J. Ellory aurait pour thème la mafia.

Seul le silence (Éd. Sonatine) m'avait emballé. Ce n'était pas tout à fait un polar, presque une saga. Impossible de ne pas lire le prochain Ellory...

Avec Vendetta (trad. Fabrice Pointeau, toujours chez Sonatine) on change de décor mais on trouve quelques ressemblances. L'aspect biographique du récit, principalement.

Vendetta est l'histoire d'une rencontre entre un flic et un mafioso. La fille du gouverneur de Louisiane, Catherine Ducane, disparaît. Le cadavre de son garde du corps est retrouvé dans le coffre d'une ancienne voiture de luxe, rue Gravier, à la Nouvelle-Orléans. Le kidnappeur entre en contact avec les agents du FBI chargés de l'enquête. Il est prêt à la libérer mais ne réclame pas d'argent... il exige de pouvoir parler longuement avec Ray Hartmann, en tête à tête.

Hartmann est flic, à New York. Lorsque le FBI l'informe des exigences d'un kidnappeur en Louisiane, il ne comprend pas. Son seul lien avec la Louisiane c'est qu'il est né et a passé son adolescence à la Nouvelle-Orléans. Son frère et son père y sont morts, mais c'était il y a bien longtemps. Ce n'est qu'à la toute fin du roman que Ray saura pourquoi il a été choisi par le kidnappeur.

Le deal est simple: Hartmann écoute jusqu'au bout, sinon la fille ne sera jamais retrouvée.

Ray est un bon flic, très "polar": il flirte avec la boisson et s'est fait mettre à la porte par sa femme, Carol. Sa fille Jess lui manque beaucoup et il voudrait sauver son mariage, arrêter d'agir comme "un connard" et retrouver sa famille. Ce n'est vraiment pas le moment d'aller traîner en Louisiane alors que Carol est enfin disposée à le laisser revoir Jess mais, hey, a cop's got to do what a cop's got to do!

Hartmann va donc se retrouver dans sa ville natale. Il passera une partie de ses journées avec un vieux monsieur bien habillé, Ernesto Perez. C'est lui le kidnappeur. C'est lui qui a exigé de parler à Hartmann avant que le gouverneur, Charles Ducane, puisse retrouver sa fille.

Et il en a des choses à raconter, Ernesto Perez... il est né à la Nouvelle-Orléans lui aussi, mais a suivi une autre voie. Son talent, c'est le meurtre. Remarqué par la mafia, il a passé sa vie au service des "familles". Était-ce affaire de choix ou bien de circonstances? Perez pense avoir fait ce qu'il fallait afin de survivre et devenir quelqu'un ("L'astuce, c'est de continuer de respirer"). C'est ce qu'il va raconter à Hartmann pendant que le FBI, dans les pièces voisines, enregistre et écoute chaque mot, chaque phrase.

Parallèlement à la confession (mais en est-ce bien une?) de Perez, Hartmann et le FBI tentent d'utiliser les informations divulguées par le vieux mafioso afin de retrouver Catherine Ducane. Mais le FBI a un problème: le récit d'Ernesto Perez est complet. Très complet. Rapidement des noms célèbres surgissent: Jimmy Hoffa, les Kennedy, Marilyn Monroe... La liste -à leur grand désarroi- ne s'arrête pas là. Que faire de ces révélations?

L'heure tourne. Catherine Ducane est retenue quelque part. A-t-elle de quoi manger? Il ne faudra pas contrarier Ernesto Perez si on veut qu'il crache le morceau...

* * *

C'était la ville facile, la briseuse de cœurs. La Nouvelle-Orléans, où ils enterraient les morts au-dessus du sol, où les guides touristiques recommandaient de marcher en groupe, où tout coulait en douceur, comme dans du beurre, où quand vous jouiez à pile ou face, la pièce retombait neuf fois sur dix du bon côté.
C'était le cœur de tout, le rêve américain, et les rêves ne changeaient jamais vraiment, ils s'estompaient juste et étaient oubliés dans le lent glissement frénétique du temps.
Parfois, ici, il était plus facile d'étouffer que de respirer.

Vendetta est bien tel que je le craignais. C'est plein de mafiosi aux surnoms ridicules: L'aspirine (parce qu'il calme les "maux de tête" du Don), Dix-Cents (il laisse une pièce de 10 cents sur le corps des "problèmes résolus"). C'est bourré de testostérone, d'amitiés viriles, de "chi se ne frega!" et de flingues.

Mais... mais il y a le talent d'Ellory. Son remarquable talent de conteur d'histoires. Ellory ne se contente pas de mettre en scène un mafioso, il peint une fresque. Il nous entraîne de la Nouvelle-Orléans à La Havane à l'époque de la révolution (le père d'Ernesto était Cubain), puis à Las Vegas lorsque les "familles" transforment la ville en capitale du jeu, New York, Los Angeles, Chicago...

Ernesto Perez est un Petit Poucet du crime. Il sème des cadavres. C'est son boulot. Il résout les "problèmes". Définitivement. Tout cela sans jamais se faire pincer par les flics (ou par une "famille" concurrente).

Pourquoi donc ce type, qu'aucun flic ne recherche, a-t-il franchi de son plein gré la porte du FBI à la Nouvelle-Orléans? Pourquoi s'est-il livré? Pourquoi veut-il raconter sa vie?

La réponse est dans le bouquin, mais elle m'a semblé presque secondaire comparée à la saga qui occupe la majeure partie du récit.

[Un grand merci à Jasmine pour le SP]


Autres avis: Morgane (Carnets noirs) a beaucoup aimé, Nancy également.

samedi 16 janvier 2010

A puff of visible breath

L'excellent blog Scandinavian Crime Fiction référence un article signé Laura Miller, disponible sur le site du Wall Street Journal: The Strange Case of the Nordic Detectives.

Le sujet: pourquoi les polars scandinaves ont-ils un tel succès, notamment aux USA?
What's the appeal of all this blood on the snow, police boots crunching over frozen grass and detectives whose every utterance comes in a puff of visible breath against a background of interminable night? Many of us do seem to be having an Ingmar Bergman moment right now.

(...) In Scandinavian detective fiction, this stoic ideal takes the form of a stalwart, methodical practicality. Almost all Nordic crime novels are procedurals, a genre that focuses on the often monotonous, day-to-day details of police work.
Ce n'est pas le premier article qui se pose cette question, le genre scandinave étant a priori assez éloigné du style américain que Miller décrit avec précision (et beaucoup d'humour):
Americans make procedurals too, but we prefer to trick them out in sexy technology (as seen in the TV series "CSI" and its countless spinoffs and imitators) and we like to put a hothead maverick like Michael Connolly's detective, Harry Bosch, in charge to fend off any hint of tedium. The American procedural requires at least one car chase, a dollop of gunplay and a few showdowns with the rules-bound, overly political department brass, so that our hero can demonstrate that his commitment to justice is purer and more passionate than his bosses'.
Selon Laura Miller, c'est précisément la sobriété des "héros" de polars scandinaves qui joue en leur faveur auprès du public:
Despite the existential malaise that frequently afflicts the characters of Nordic noir, the stern, bare-bones simplicity of its problem-solving methods is one of the form's austere pleasures. Like the arctic cold, the rigor is bracing. It transports us to a world where charm and glamor barely exist and count for little when they do, a world refreshingly free of flimflam, hype or irrational exuberance. What matters is putting one foot in front of the other and not stopping.

(...) The detectives of Nordic noir aren't impatient, eccentric geniuses or action heroes. Their methods—determination, humility and endurance—are available to everyone.
Je serais tout de même curieux de voir Bruce "Brute" Willis dans le rôle de Kurt Wallander. Pour le fun.

vendredi 15 janvier 2010

Diamond Dagger 2010

En 2009 la Diamond Dagger de la CWA (Crime Writers' Association, Royaume-Uni) était allée à Andrew Taylor (auteur par exemple de Bleeding Heart Square, récompensé en Suède en 2009).

Cette année c'est Val McDermid qui obtient la reconnaissance de ses pairs (site de la CWA).

LivresHebdo.fr consacre un court article à l'événement.

La Dague de Diamant récompense un auteur de polars "pour l'ensemble de son œuvre".

jeudi 14 janvier 2010

Séries - Åke Edwardson

code couleurs: suédois / français / anglais
Éditeur français = Lattès

Série Erik Winter (10 ouvrages, série terminée... mais peut-être pas! mise à jour avril 2011)
  1. Dans med en ängel, 1997 (*) / Danse avec l'ange, 2002/ Death Angels, 2009
  2. Rop från långt avstånd, 1998 / Un cri si lointain, 2003 (billet) / The Shadow Woman, 2010
  3. Sol och skugga, 1999 / Ombre et soleil, 2004 / Sun and Shadow, 2005
  4. Låt det aldrig ta slut, 2000 / Je voudrais que cela ne finisse jamais, 2005 / Never End, 2006
  5. Himlen är en plats på jorden, 2001 (*) / Le ciel se trouve sur Terre, 2011 / Frozen Tracks, 2007
  6. Segel av sten, 2002 / Voile de pierre, 2006 / Sail of Stone, 2011
  7. Rum nummer 10, 2005 / Chambre numéro 10, 2007 (billet)
  8. Vänaste land, 2006 / Ce doux pays, 2007
  9. Nästan död man, 2007 / Presque mort, 2009
  10. Den sista vintern, 2008 / Le dernier hiver, 2010

(*) prix du meilleur roman policier de l'année (décerné par la Svenska Deckarakademin).


Curiosité: Edwardson a écrit deux polars avec pour personnage principal un certain Jonathan Wide, ex-flic, détective privé opérant lui aussi à Göteborg: Till allt som varit dött (1995 - meilleur premier roman policier de l'année selon la Svenska Deckarakademin) et Gå ut min själ (1996). Je n'ai pas trouvé de traductions françaises et ignore tout de ces deux bouquins à part leurs titres.

Addendum: Erik Winter se retrouve aussi dans un recueil de "nouvelles policières", Winterland (2003), non traduit en français.

Le dernier titre de la série Winter propose (en VO uniquement) un jeu de mots: Den sista vintern signifie "le dernier hiver" mais peut aussi s'entendre comme "le dernier Winter".

Vänaste land est une claire référence à l'hymne national suédois, où l'on trouve ce passage: "Jag hälsar dig, vänaste land uppå jord". L'hymne complet -et sa traduction- sur le site Sweden.se
Lorsqu'un auteur (ou un chanteur) utilise cette expression pour désigner la Suède, c'est bien souvent dans un sens ironique et critique.

mercredi 13 janvier 2010

Chat alors!

Il ne s'agit pas d'un polar, ni d'un roman... ce billet est juste une parenthèse, un ronronnement complice.

Chat, chat... et chats! est publié aux éditions White Star. Des chats roux, noirs, gris, tigrés, blancs... des chats dans toutes les positions, dans des arbres ou sur des meubles, paupières closes ou yeux écarquillés, à poils courts ou à poils longs.

Un prix "beaux livres" un peu dissuasif (49.95$) mais la beauté des photos est remarquable et le rapport qualité/prix me semble très correct. J'espère que les modèles ont été traités avec la délicatesse et le respect qu'ils méritent.

Un peu plus cher qu'un polar chez 10/18 donc, mais les exemplaires de démonstration sont là pour être feuilletés. Conseil #1: trouvez-vous un siège (certains libraires en proposent, parfois ils sont même presque confortables) et admirez. Conseil #2: si vous n'aimez pas les chats n'ouvrez pas ce livre, parce qu'il pourrait bien vous faire changer d'avis...

mardi 12 janvier 2010

Séries - Camilla Läckberg

code couleurs: suédois / français / anglais
Éditeur français = Actes Sud

Série Erica Falck (série en cours)
  1. Isprinsessan, 2003 / La princesse des glaces, 2008 (billet) / The Ice Princess, 2008
  2. Predikanten, 2004 / Le prédicateur, 2009 (billet) / The Preacher, 2008
  3. Stenhuggaren, 2005 / Le tailleur de pierre, 2009 (billet) / The Stonecutter, 2010
  4. Olycksfågeln, 2006 (billet) / L'Oiseau de mauvais augure, 2010 / The Gallows Bird, 2011
  5. Tyskungen, 2007 (billet) / L'Enfant allemand, 2011 / The Hidden Child, 2011
  6. Sjöjungfrun, 2008 (billet) / La sirène, 2012 / The Drowning
  7. Fyrvaktaren, 2009 / Le gardien de phare, 2013 / The Lost Boy
  8. Änglamakerskan, 2011

Camilla Läckberg compte poursuivre les aventures du couple Falck/Hedström mais a laissé entendre qu'elle ne se presserait peut-être pas pour publier le huitième de la série (Änglamakerskan). Il est vrai qu'elle est désormais un des auteurs les plus fortunés de Suède et qu'elle a un bout de chou (né en juin 2009) à voir grandir.
Mise à jour: le 8e roman de la série est paru en Suède à l'automne 2011.
À suivre...

Séries - Åsa Larsson

code couleurs: suédois / français / anglais
Éditeur français = Gallimard

Série Rebecka Martinsson
  1. Solstorm, 2003 (billet) / Horreur boréale, 2006 / Sun Storm (Delacorte Pr., NY 2006) + The Savage Altar (Viking, London 2007)
  2. Det blod som spillts, 2004 (*) (billet) / pas de traduction / The Blood Spilt, 2007
  3. Svart stig, 2006 / pas de traduction / The Black Path, 2008
  4. Till dess din vrede upphör, 2008 / pas de traduction / Until Thy Wrath Be Past, 2011
  5. Till offer åt Molok, 2011 2012

(*) prix du meilleur polar suédois de l'année

Séries - Johan Theorin

code couleurs: suédois / français / anglais
Éditeur français = Albin Michel. Traduction Rémi Cassaigne.

Série Gerlof Davidsson
  1. Skumtimmen, 2007 / L'heure trouble, 2009 (billet) / Echoes from the Dead, 2008
  2. Nattfåk, 2008 (*) (v) (billet) / L'écho des morts, 2010 / The Darkest Room, 2009 (d)
  3. Blodläge, 2010 (billet #1) (billet #2) / Le sang des pierres, 2011 / The Quarry, 2011
  4. Rörgast, 2013

La série se composera de quatre volumes, un par saison (automne, hiver, printemps, été).

(*) prix du meilleur roman policier de l'année (décerné par la Svenska Deckarakademin)
(v) Clef de Verre - prix annuel décerné par l'association des auteurs de polars nordiques (Islande, Danemark, Norvège, Suède, Finlande)
(d) Lauréat de l'International Dagger Award attribué par la Crime Writers Association (UK)


À côté de cette série, Johan Theorin est également l'auteur de :
  • Sankta Psyko, 2011 (thriller)
  • På stort alvar, 2012 (recueil de nouvelles)

Séries - Håkan Nesser

code couleurs: suédois / français / anglais
Sauf dans le cas du premier livre, éditeur français = Seuil

SÉRIE VAN VEETEREN (10 ouvrages, série terminée)
  1. Det grovmaskiga nätet, 1993 / Le vingt et unième cas, 1997 (Presses U. de Caen - épuisé) / Mind's Eye
  2. Borkmanns punkt, 1994 / pas de traduction / Borkmann's Point, 2006
  3. Återkomsten, 1995 / Retour à la Grande Ombre, 2005 (billet) / The Return, 2007
  4. Kvinna med födelsemärke, 1996 / pas de traduction / Woman with Birthmark, 2009
  5. Kommissarien och tystnaden, 1997 / Le mur du silence, 2007 (billet)
  6. Münsters fall, 1998
  7. Carambole, 1999 / Funestes carambolages, 2008
  8. Ewa Morenos fall, 2000 / Eva Moreno, 2011
  9. Svalan, katten, rosen, döden, 2001
  10. Fallet G, 2003

SÉRIE BARBAROTTI (série en cours - 4 ouvrages prévus)
  1. Människa utan hund, 2006
  2. En helt annan historia, 2007
  3. Berättelse om Herr Roos, 2008
  4. De ensamma, 2010

samedi 9 janvier 2010

Solstorm - La deuxième mort de Viktor Strandgård


Åsa Larsson (le prénom se prononce "ôssa") est née à Uppsala, en Suède en 1966. Quand elle avait quatre ans ses parents se sont installés à Kiruna, en Laponie, au nord du cercle polaire. C'est là qu'elle a grandi avant de retourner à Uppsala pour étudier le droit fiscal.

Åsa Larsson a écrit une série de quatre romans policiers qui mettent en scène Rebecka Martinsson, une jeune femme qui a grandi à Kiruna, étudié à Uppsala pour devenir avocate, puis a trouvé un poste d'assistante dans un cabinet d'avocats de Stockholm. Sa spécialité: le droit fiscal. J'espère que les ressemblances s'arrêtent là car la vie de Rebecka est plus que mouvementée.

Les romans ont été publiés de 2003 à 2008: Solstorm, Det blod som spillts (Le sang répandu), Svart stig (Noir sentier), Till dess din vrede upphör (Jusqu'à ce que cesse ta fureur).

Bonne nouvelle pour les francophones, le premier roman a été traduit et publié chez Gallimard en 2006 sous le titre "Horreur boréale", traduction Philippe Bouquet. Comme j'avais déjà acheté la version originale avant de découvrir l'existence de la traduction, j'en ai profité pour roder un peu mon suédois.

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Solstorm signifie "tempête solaire". Ces tempêtes qui génèrent un flot accru de particules traversant l'espace avant de rencontrer la haute atmosphère terrestre et engendrer les aurores boréales.

L'histoire se déroule à la mi-février; à cette époque de l'année à Kiruna le soleil a déjà fait un timide retour mais les nuits sont encore bien longues. C'est au cours d'une de ces nuits que le jeune Viktor Strandgård meurt poignardé, le regard fixé sur le ciel hivernal qui se déploie au-delà des vastes fenêtres de la Kristallkyrkan (l'église de cristal). Seul témoin de son meurtre: une aurore boréale qui traverse paresseusement la voûte céleste.

Fait inhabituel, c'est la deuxième fois que Viktor meurt (mais cette fois-ci sera la bonne). Viktor est en effet célèbre pour avoir vécu une NDE (near-death experience) suite à un accident durant son adolescence. Ranimé in extremis par les urgentistes, le jeune homme s'était mis à raconter ses visions et sa visite au Paradis... Pain béni pour l'Église évangélique dont il était paroissien, son histoire a donné naissance à un livre traduit en plusieurs langues. Surnommé Paradispojken (le garçon du Paradis), Viktor est devenu un prédicateur populaire, champion de l'imposition des mains, de la prière et du "parler en langues". Son charisme a attiré vers sa communauté dons et nouveaux fidèles pour la plus grande satisfaction des trois pasteurs qui se partagent la direction d'une paroisse devenue riche.

Qui a pu vouloir tuer le garçon du Paradis? Pourquoi mutiler son corps? Pourquoi en pleine nuit, dans l'église?

L'inspecteur Sven-Erik Stålnacke est chargé par le procureur Carl von Post de résoudre rapidement l'affaire. Stålnacke va convaincre sa collègue Anna-Maria Mella, bien qu'enceinte et en congé maternité, de lui donner un coup de main. L'antipathique von Post mérite bien son surnom de von Pestråtta (litt. un rat porteur de la peste). Il est obtus, ambitieux bien au-delà de ce que ses compétences lui permettent d'espérer, et se soucie bien plus de sa carrière que d'établir la vérité.

Rebecka est entraînée dans cette histoire par la sœur de la victime, Sanna, qui l'appelle à l'aide peu de temps après avoir découvert le corps de son frère. Rebecka a jadis bien connu la paroisse, les pasteurs, Viktor et sa sœur. Elle les a fréquentés dans sa jeunesse et a eu pour guide spirituel un des trois pasteurs: Thomas Söderberg.

Rebecka est très réticente à l'idée de retourner à Kiruna, ce qui permet de comprendre dès le début du roman qu'il y a un lourd contentieux entre elle et ses anciens amis. Mais elle se laisse attendrir, pense aux deux filles de Sanna qui subissent elles aussi le choc de la mort violente de leur oncle, et prend un billet d'avion pour Kiruna, plusieurs années après avoir quitté la ville pour ne plus y revenir.

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Solstorm a eu un beau succès en Suède, a été couronné "meilleur premier roman 2003" par la Svenska Deckarakademin. Le roman a donné naissance à un film (trailer visible sur YouTube) dans lequel le rôle principal est tenu par l'actrice Izabella Scorupco dont la photo orne la couverture du livre de poche. Cet intérêt est selon moi mérité car c'est une bonne histoire. L'intrigue n'est pas très originale en soi -on peut même anticiper certains événements- mais elle est très intéressante, bien racontée, et l'auteure concocte un final plein d'action tout en gardant une ou deux cartes dans sa manche pour étonner agréablement les lecteurs.

Le cadre, Kiruna en hiver, est parfait. Pas uniquement parce que c'est exotique mais parce que la noirceur des âmes fait un beau contraste avec la pureté de la neige et la pâle lueur des aurores boréales.



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mardi 5 janvier 2010

Un deuxième Kanger s'en vient

SkandiLit signale aimablement en commentaire du billet consacré au Temps du loup la parution prochaine d'un deuxième Thomas Kanger: Les disparus de Monte Angelo (traduction de Gränslandet), "une autre enquête de la commissaire Elina Wiik". La parution est programmée pour le 4 mars 2010 en France. Il faut compter environ 4 semaines de plus pour le voir arriver au Québec (les livres font la traversée en bateau, les veinards).

À noter la parution prochaine du Temps du loup au format poche (SkandiLit, encore) chez 10-18.

Merci pour ces infos!

samedi 2 janvier 2010

Lisbeth Salander, tout feu tout flamme


Deuxième volume de la trilogie Millénium, La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette, Stieg Larsson, Actes Sud 2006. Traduction Lena Grumbach et Marc de Gouvenain.

Bye bye Isabel Samaras, les couvertures des tomes 2 et 3 sont désormais plutôt moches. Tant pis.

Le titre français est un peu différent de la version originale, Flickan som lekte med elden signifie La fille qui jouait avec le feu, mais il colle très bien au contenu du roman comme on s'en rend compte dès le prologue.

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Parenthèse

À propos de traduction... j'ai trouvé des choses marrantes sur le Net. Je suis tombé par hasard sur le critique littéraire d'un magazine parisien, très remonté contre Marc de Gouvenain. Le magazine a même invité un traducteur pour mieux crucifier Grumbach et de Gouvenain. Demander l'avis d'un traducteur est a priori une bonne idée lorsqu'il est question de traduction, sauf si le spécialiste commence son article par "je n'ai pas lu le livre, mais je suis d'accord avec Machin, c'est nul."

Les pages culturelles parisiennes sont un vrai délice... et Érostrate fait toujours des émules.

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Light my fire

Lisbeth Salander est la star de ce deuxième tome. C'est une très bonne chose puisqu'elle est le personnage le plus attachant du roman.

Dans le premier volume elle était très mystérieuse. Le lecteur apprenait un peu de ses problèmes d'enfance, sa mise sous tutelle, et c'était à peu près tout. Millénium 2 lève le voile sur le difficile passé de la jeune femme. Les révélations vont bon train. L'odieux Maître Bjurman ne sera pas le seul à se mordre les doigts d'avoir un jour croisé le chemin de Salander.

De leur côté Blomkvist et toute l'équipe de Millénium se lancent dans une enquête sur le trafic de femmes. La Suède connaît une situation semblable à celle de la France: des filles des pays de l'ancien bloc de l'Est sont importées (il n'y a pas d'autre mot) et exploitées par des gangs criminels. Millénium a l'intention de sortir un numéro spécial sur ce sujet et veut balancer des noms de clients bien installés dans la société ainsi que quelques gangsters.

Pour cela le magazine s'associe au journaliste Dag Svensson et à sa compagne, Mia Bergman, qui est en train de terminer une thèse de doctorat en criminologie sur le thème des réseaux de prostitution.

Évidemment, tout n'ira pas comme sur des roulettes.

Comme dans le premier tome, l'histoire repose sur un mélange bien dosé: un sujet sérieux et d'actualité, des personnages variés, des secrets de famille, de l'action, des rebondissements parfois peu réalistes (les coïncidences, heureuses ou malheureuses, sont nombreuses dans ce 2e volume) mais, hé, c'est un roman, pas un reportage.

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Boxing Day

Juste après avoir lu le bouquin j'ai découvert au détour d'un article sur le site de Bokhora que le boxeur Paolo Roberto (qui a donné quelques leçons de combat à cette petite teigne de Lisbeth) existe vraiment (photo: lien vers Wikipedia).

Paolo Roberto est né en Suède en 1969, d'un père italien. Il pratique plusieurs sports de combat comme le taekwondo ou le judo, mais c'est en tant que boxeur qu'il a fait carrière. Il a participé à 34 combats, en a perdu 4.

Il a également une petite carrière cinématographique et incarne son propre rôle dans le deuxième film de la série.



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Stockholm

La capitale suédoise et ses environs servent de toile de fond au récit, particulièrement l'île de Söder où se trouvent le siège de Millénium ainsi que les domiciles de plusieurs protagonistes (Mikael Blomkvist, Lisbeth Salander, Miriam Wu).

Lisbeth, désormais pleine aux as, s'achète un appartement qu'on peut qualifier de coquet dans un des très rares endroits que j'ai visité à Söder: le quartier de Mosebacke. Son nouveau logis est situé au 9, Fiskargatan, à deux pas de Mosebacke Torg (des agences de voyages ont inscrit l'adresse dans les visites organisées pour les fans de la trilogie, voir cet article d'Aftonbladet - c'est en suédois mais la carte des "lieux sacrés" de la trilogie est suffisamment claire).

Je n'ai aucun souvenir de Fiskargatan mais je me souviens du square de Mosebacke Torg, de sa pittoresque vieille cabine téléphonique, de la Svartensgatan et ses pavés, des escaliers descendant vers la Katarina kyrka (l'église avait subi un incendie peu de temps avant ma première visite) et du joli panorama vers le centre-ville et Djurgården que l'on a tout au bout de la Högbergsgatan. [torg = place, gata(n) = rue, kyrka = église]

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Hésitations

La fille qui rêvait... se termine abruptement. La tentation est grande d'ouvrir le troisième tome mais ce ne sera pas facile de se trimballer ce pavé de plus de 700 pages dans le métro! Et puis il y a un autre gros problème: je ne suis pas pressé de finir la trilogie et de dire adieu à Lisbeth Salander.

Il va falloir prendre le temps de le savourer, ce troisième volume...

vendredi 1 janvier 2010