dimanche 6 décembre 2009

Retour à la Grande Ombre


Retour à la Grande Ombre, traduit du suédois par Agneta Ségol et Pascale Brick-Aïda, éd. Seuil.

Håkan Nesser est un auteur très connu en Suède. Il est l'auteur d'une bonne vingtaine de livres. Plusieurs ont été mis en images pour la télévision suédoise.

J'étais très curieux de découvrir sa série Van Veeteren, qui met en scène un commissaire particulièrement ronchon. L'action de la série se déroule dans une ville imaginaire du nom de Maardam, quelque part en Europe du Nord (la sonorité des mots et le nom de la monnaie -le gulden- font penser aux Pays-Bas).

Retour à la Grande Ombre commence à l'été 1993. Un homme quitte la prison où il a été incarcéré pendant de longues années. Il retourne chez lui. Il est déterminé. Il a besoin d'une arme. De lui nous ignorons tout: son nom, la raison de son séjour en prison, où se trouve sa maison.

Printemps 1994, un corps sans tête, sans pieds, sans mains, est découvert dans une forêt. Il a séjourné là plusieurs mois. L'équipe du commissaire Van Veeteren va être chargée de l'enquête qui s'avère difficile: il n'y a quasiment aucune trace et l'identification de la victime est impossible étant donné son état.

Van Veeteren doit être opéré d'ici peu, il confie donc l'enquête au fidèle Münster, en lui assénant au passage "Mais je serai bien entendu à ta disposition quand tu te seras enlisé" - "Quand", se dit Münster, "pas si."

Le bourru commissaire a secrètement très peur de se faire charcuter. Ses petits enfants (deux jumeaux de trois ans) le rassurent à leur manière:
"On va te faire une piqûre, puis tu dormiras" avait expliqué l'un.

"Les morts, on les met dans la cave" avait complété l'autre.
L'opération se passe très bien; Münster rend fréquemment visite à son chef pour le tenir au courant de l'affaire, mais le commissaire va très vite s'ennuyer dans son lit d'hôpital. Martyriser les infirmières ne lui suffit plus et il retourne rapidement sur le terrain pour "désenliser" l'enquête.

Retour à la Grande Ombre n'est pas un whodunit: il est impossible de deviner qui est l'assassin. Le plaisir de lecture réside tout entier dans la personnalité du commissaire Van Veeteren (détestable, arrogant... la liste de ses défauts est longue) et dans le récit lui-même.

Nesser nous propose une intrigue plutôt bien ficelée, simple mais efficace. Il pimente également l'histoire avec un humour léger, un peu noir, qui contribue à l'ambiance. La fin est très surprenante et laisse voir un autre aspect de Van Veeteren.

J'anticipe avec plaisir la lecture du deuxième titre publié en français: Le mur du silence.

* * *
La série Van Veeteren

La série compte dix titres:

1. Det grovmaskiga nätet, 1993 (prix du meilleur premier roman policier 1993)
2. Borkmanns punkt, 1994 (prix du meilleur roman policier 1994)
3. Återkomsten, 1995 (Retour à la Grande Ombre, 2005)
4. Kvinna med födelsemärke, 1996 (prix du meilleur roman policier 1996)
5. Kommissarien och tystnaden, 1997 (Le mur du silence, 2007)
6. Münsters fall, 1998
7. Carambole, 1999 (Funestes carambolages, 2008)
8. Ewa Morenos fall, 2000
9. Svalan, katten, rosen, döden, 2001
10. Fallet G, 2003

Comme on peut voir, il y a des "trous" dans les traductions.

La série s'arrête avec Fallet G. Håkan Nesser n'abandonne toutefois pas les polars. Il a commencé en 2006 une nouvelle série avec l'inspecteur Gunnar Barbarotti. Il est également l'auteur de plusieurs romans "autonomes" dont le dernier est paru cet automne et était sur les rangs pour le titre de meilleur polar de l'année (Maskarna på Carmine Street).

[Note: les prix "meilleur roman" mentionnés ci-dessus sont ceux de la Svenska Deckarakademin - une sorte d'académie littéraire suédoise composée d'auteurs et de critiques et qui se consacre au genre polar/thriller- une organisation dont il est assez souvent question sur ce blog!]

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