dimanche 28 février 2010

Le temps de la sorcière : mystères à Akureyri


Le temps de la sorcière (titre original: Tími nornarinnar), Arni Thorarinsson, Éd. Métailié 2007, publié au format de poche chez Points en 2008; traduit de l'islandais par Éric Boury. Pour un récapitulatif de la série, voir ce billet.

Le "héros", Einar, est journaliste au Journal du Soir. Il a récemment été muté à Akureyri, la grande ville du nord du pays (1). La direction du journal espère augmenter ses ventes dans la région grâce à une meilleure couverture locale.

En compagnie de la photographe Joa, il va rendre compte des bagarres d'ivrognes du week-end, des accidents, des réunions municipales, de la vie culturelle de ce coin de pays.

Il va ainsi rencontrer Skarphedinn Valgardsson, un jeune homme charismatique qui a convaincu le lycée d'Akureyri de monter une pièce de théâtre, Loftur le sorcier. Quelques heures avant la première, Skarphedinn disparaît...

* * *
"Au commencement était le désir"

La couverture nous assure qu'Arni Thorarinsson est "un brillant émule d'Indridason". Je me méfie beaucoup de ce genre de comparaisons...

J'étais néanmoins curieux de lire un autre auteur de polars islandais, et le blog de Nancy n'en disait pas du mal.

Le contraste avec Arnaldur est net. L'univers du commissaire Erlendur Sveinsson est plus intérieur, plus sombre que celui d'Einar. Arnaldur Indridason laisse une part beaucoup plus importante aux rêveries, aux souvenirs, aux paysages mélancoliques (et potentiellement dangereux).

Comme Erlendur, Einar est bien évidemment en contact direct avec les problèmes de ses contemporains: alcoolisme (lui-même a décidé de renoncer à l'alcool), drogues, dérives du capitalisme financier (le roman a été écrit quelques années avant la crise mondiale qui a frappé l'Islande de plein fouet, voir cet article et celui-ci publiés récemment sur le site cyberpresse), intrusion de l'anglais qu'Einar surnomme avec ironie "l'islandais moderne", etc. Mais contrairement au héros d'Arnaldur, Einar a les deux pieds dans l'Islande moderne, celle des villes. La lande et les champs de lave ne lui inspirent rien de spécial.

L'humour et l'ironie sont très présents; certains lecteurs penseront peut-être qu'Einar en fait un peu trop dans ce domaine - il ironise vraiment sur tout! Autre point positif, j'ai noté avec intérêt la présence d'une lesbienne parmi les personnages principaux (Joa, la pétulante photographe) ce qui est assez rare dans le monde du polar - y compris dans sa variante scandinave.

Hasard amusant: on trouve dans le roman une mention du "Marteau des sorcières, d'après Heinrich Kramer", ouvrage bien connu sous son nom latin Malleus maleficarum et dont il est abondamment question dans Last Rituals, d'Yrsa Sigurdardottir, une de mes récentes lectures.

* * *
Puis-je vous appeler Dupont ?

La grande difficulté dans ce roman d'Arni Thorarinsson, ce sont les noms (voir aussi le billet sur Last Rituals)... Einar rencontre énormément de monde, il en résulte une avalanche de Gunnhildur Bjargmundsdottir, Helgi Hamundarson (un électricien qui a droit à une réplique), Adalheidur Heimisdottir, Olafur Gisli quelquechosesson, Asdis Björk troudemémoiredottir, etc, etc. Les noms islandais sont peu connus chez nous d'où les inévitables confusions. Il faut par exemple se souvenir qu'Asbjörn est un collègue de travail d'Einar, tandis qu'Asbjörg est une jeune fille. Pas évident au début.

Ajoutons à cela que les Islandais ont recours aux abréviations affectueuses: Skarphedinn devient Skarpi (ok, jusque-là ça va); Gudmundur, Gummi; Olafur Gisli, Oligisli (je crois), Adalheidur, Heida, etc.

Le truc de base facile à retenir: ....son désigne un homme et ....dottir, une femme. Toujours. Ça aide beaucoup. Le traducteur a eu la très bonne idée de rédiger quelques notes fort utiles sur les points qui posent problème aux lecteurs.

En conclusion, Le Temps de la sorcière est un polar sympa, très branché sur les réalités islandaises. Je n'y ai pas retrouvé la sombre mélancolie que j'aime tant chez Arnaldur, mais Arni Thorarinsson a son propre style, ses propres centres d'intérêt, et c'est très bien comme ça.


---NOTES---
(1) À peine plus de 17.000 âmes, ce qui fait beaucoup dans un pays de 300.000 habitants. Voir un résumé (en anglais) de l'histoire d'Akureyri sur le site de la ville. Wikipedia propose une carte, des infos et des photos.

vendredi 26 février 2010

Séries - Arni Thorarinsson

Code couleurs: islandais / français.
Éditeur français: Métailié, repris en poche chez Points. Traduction Éric Boury.
Pas de traduction anglaise à ma connaissance.

Auteur: Arni Thorarinsson (Árni Þórarinsson, né en 1950 - Islandais)

Série Einar, journaliste au Journal du Soir :

Nóttin hefur þúsund augu, 1998
Hvíta kanínan, 2000
Blátt tungl, 2001
Tími nornarinnar, 2005 / Le Temps de la sorcière, 2007 (billet)
Dauði trúðsins, 2007 / Le Dresseur d'insectes, 2008 (billet)
Sjöundi sonurinn, 2008 / Le Septième fils, 2010 (billet)

Sources: Éric Boury, Wikipedia et Gegnir.is

mardi 23 février 2010

Les Lieux sombres : Day-livrez nous du Mal


Les Lieux sombres (titre original Dark Places), Gillian Flynn, Éd. Sonatine 2010, traduction Héloïse Esquié.

On est seulement en février mais je peux déjà affirmer que Les Lieux sombres est un incontournable de l'année 2010. Sonatine est décidément une maison qui compte dans le monde du polar.

On retrouve un peu de l'atmosphère de Seul le silence d'Ellory dans ce roman. Gillian Flynn nous offre elle aussi une plongée dans l'Amérique profonde, cette fois entre le Missouri et le Kansas.

Les Lieux sombres est le deuxième roman de Gillian Flynn. Le premier s'intitulait Sur ma peau, disponible au Livre de Poche. S'il est de la même veine il faudra que je trouve un moment pour le lire.

* * *

Libby Day est une survivante. En 1985, âgée de 7 ans, elle échappe au massacre de sa famille dans leur ferme délabrée à Kinnakee, un bled paumé du Kansas. Sa mère Patty et ses deux sœurs, Michelle et Debby, sont assassinées. Libby parvient à s'enfuir dans la nuit. Lors de l'enquête et du procès elle témoigne contre son frère aîné, Ben. Ben a 15 ans; il est condamné à la prison à perpétuité. Libby passe alors de mains en mains puis, à l'âge adulte, s'installe à Kansas City dans le Missouri.

Elle ne travaille pas mais vit des dons jadis envoyés par des âmes charitables, émues par son triste sort. Mais l'argent finit par manquer car Libby a désormais 32 ans, elle n'est plus compétitive sur le marché de la compassion. Elle subit la concurrence de jeunes filles en détresse bien plus attendrissantes qu'elle. Ça la fout en rogne, Libby.

Elle reçoit un jour une étrange proposition de Lyle, trésorier du Kill Club. Les membres de ce club bizarre, fascinés par les meurtres célèbres, sont disposés à payer pour pouvoir la rencontrer. Ils sont également intéressés par les "objets souvenirs" de l'époque du meurtre. Libby est pragmatique et elle a besoin d'argent. Elle accepte.

Elle découvre un groupe de gens passionnés par "les meurtres satanistes de Kinnakee". Elle réalise surtout que son frère a un fan-club, essentiellement féminin, qui se démène pour prouver son innocence et le faire libérer. Le fan-club a ses théories sur le véritable assassin et a besoin de Libby Day pour les étayer.

Pour l'argent d'abord, pour satisfaire son propre besoin de savoir ensuite, Libby va plonger dans les souvenirs, retourner à Kinnakee, rendre visite à son frère en taule, et chercher, fouiller parmi les ombres du passé.

* * *

"La mesquinerie qui m'habite est aussi réelle qu'un organe. Si on me fendait le ventre, elle pourrait fort bien se glisser dehors, charnue et sombre, tomber par terre, et on pourrait sauter dessus à pieds joints. C'est le sang des Day. Il a quelque chose qui cloche."

Selon un procédé classique (et ici très bien maîtrisé) le récit alterne entre deux époques: les vingt-quatre heures précédant le triple meurtre en janvier 1985, et le présent.

En 1985, le lecteur suit les faits et gestes de Patty, la mère de famille, et Ben, le fils aîné. À l'époque actuelle nous accompagnons Libby.

Ces trois personnages -comme les autres d'ailleurs- sont merveilleusement dépeints. Patty Day est la femme au foyer, qui s'occupe seule de ses quatre enfants (l'ex-mari, Runner le bien nommé, n'est pas du genre à payer une pension alimentaire). En prime elle doit faire tourner la ferme héritée de ses parents.

C'est l'occasion pour Gillian Flynn de rappeler une certaine réalité : les banques qui incitaient les fermiers à s'endetter pour l'achat de matériel dernier cri, la concurrence de plus en plus féroce des pays étrangers comme l'Argentine, la baisse des prix, la pauvreté qui s'installe, et en bout de course la saisie des biens puis des terres. Patty voit avec angoisse cette dernière étape s'approcher.

Ben Day est un personnage tragique lui aussi, dans un autre genre. Son principal souci est d'entrer dans la confrérie des Hommes, des Vrais. Mais il ne sait pas bien comment faire. En l'absence de figure paternelle il s'efforce de trouver ailleurs le modèle dont il a besoin. Le moins qu'on puisse dire est que ses choix ne sont pas toujours très judicieux. Il est souvent agaçant et l'envie de lui tirer des baffes titille le lecteur à maintes reprises. Bref, il est parfait...

Libby Day entre discrètement dans la catégorie "petite, teigneuse, mais on l'aime quand même", aux côtés de Lisbeth Salander. De petite taille (1m58), pas très sociable, méfiante, voleuse et un peu menteuse, elle promène sur le monde et ses frères humains un regard ironique et franchement désabusé.

Ébranlée par la foi qui anime les adeptes du Kill Club, elle va ouvrir la porte au doute... était-ce vraiment Ben qu'elle avait vu et entendu cette nuit-là, il y a vingt-cinq ans?

Des personnages superbes pour un très, très bon roman.

Voir aussi: Carnets noirs, Canel.

dimanche 21 février 2010

Last Rituals - Meurtre et sorcellerie


Last Rituals (titre original Þriðja táknið), par Yrsa Sigurdardóttir, éd. William Morrow 2007 (USA), traduction en anglais Bernard Scudder.

Après Arnaldur Indriðason et Árni Þórarinsson, voici donc Yrsa, fille de Sigurður (en islandais: Yrsa Sigurðardóttir). Un autre auteur venu d'Islande mais pas encore traduit en français. Ses deux premiers romans sont toutefois disponibles en anglais: Last Rituals et My Soul to Take. Le troisième paraîtra cette année: Ashes to Dust (voir les titres de la série).

[Mise à jour: l'ouvrage sort en français chez Anne Carrière début 2011, sous le titre Ultimes rituels.]

* * *

L'absence de nom de famille en Islande est intrigante, amusante et exotique à la fois. Wikipedia donne des éclaircissements sur cette façon de se nommer, avec un petit schéma très clair; on peut aussi consulter le site de l'Ambassade d'Islande en France ou cette page de l'Université Laval qui contient beaucoup d'autres infos. En résumé chacun a un nom (Arnaldur, Sigurður Óli, Yrsa, Björk, etc.) et pour éviter les confusions on précise le nom du père, plus rarement celui de la mère. Yrsa Sigurðardóttir désigne Yrsa, fille de Sigurður, qu'on ne confondra pas avec Yrsa Hannesardóttir (fille de Hannes).

Si je ne me trompe pas, il est maladroit de dire ou écrire "Madame Sigurdardottir" ou "Monsieur Indridason". Oups. J'ai fait l'erreur plus d'une fois! Les Islandais sont conscients de notre ignorance; dans Last Rituals, l'héroïne (Þóra Guðmundsdóttir) reçoit un appel d'Allemagne. Son interlocutrice lui donne du "Frau Gudmundsdottir", pensant qu'il s'agit d'un nom de famille. Thóra (Þóra en VO) ne s'en formalise nullement.

De nombreux noms n'ont pas d'équivalents en islandais, mais Paul en a un. Je pourrais peut-être me faire appeler Páll Kristjanasson si je décidais un jour de m'installer en Islande! On peut trouver des listes de noms islandais sur le Net (Icelandic First Names, Behind the Name).

* * *
Symboles mystérieux et vieilles histoires

Last Rituals est le premier roman pour adultes écrit par Yrsa, et elle a opté pour le genre "crime & suspense". Thóra est associée dans un cabinet d'avocats de la capitale. Elle est divorcée, mère d'un adolescent de 16 ans (Gylfi) et d'une fille d'à peine 6 ans (Sóley).

Thóra reçoit une proposition de la famille Guntlieb, en Allemagne. Le fils, Harald Guntlieb, a été assassiné à Reykjavik et son corps atrocement mutilé a été découvert dans les locaux de l'université où il était étudiant en Histoire médiévale. La police a mis sous les verrous un ami de la victime. La famille Guntlieb doute fortement de la qualité de l'enquête de police (avec raison: les flics dans le roman d'Yrsa ne sont qu'un ramassis d'incapables) et veut engager Thóra pour qu'elle les représente en Islande et qu'elle mène une enquête parallèle.

Elle accepte et est aidée dans sa tâche par Matthew Reich, citoyen allemand, employé par les Guntlieb. Il a de l'expérience en matière d'enquête mais ne parle pas un mot d'islandais. Le duo Thóra/Matthew va se pencher sur les derniers jours de la vie de Harald, ses fréquentations, son intérêt pour l'Histoire médiévale et plus particulièrement les chasses aux sorcières en Islande et sur le continent. Harald a hérité de son grand-père un goût macabre pour les méthodes "d'enquête" des inquisiteurs de jadis (c'est-à-dire les multiples façons de torturer un suspect) et pour les "manuels" laissés par les tortionnaires, notamment le célèbre Malleus Maleficarum.

* * *

L'incursion dans l'Islande médiévale est intéressante. Le lecteur aura un bref aperçu des diocèses de Hólar et de Skálholt, découvrira le destin tragique du dernier évêque catholique d'Islande, Jón Arason, décapité en 1550 (la couronne danoise favorisait le luthéranisme, Jón s'y opposait farouchement) ou encore l'évêque (protestant) Brynjólfur Sveinsson qui lui vivait au XVIIe siècle.

L'intérêt principal du roman, c'est en fait l'Islande elle-même, à la fois si proche et si méconnue. Les personnages sont assez bien travaillés. Le cœur de l'intrigue manque toutefois de solidité. Je ne fais pas allusion aux histoires de sorcellerie mais à quelques invraisemblances gênantes.

Pour mentionner un exemple: je veux bien croire que l'on trouve des incompétents au sein de la police islandaise, mais perquisitionner (avec un chien!) et passer à côté d'éléments de preuve plus ou moins décomposés et pas très bien cachés... non, non. De même le comportement de certains témoins ou proches de la victime m'a parfois semblé très improbable.

Cela ne m'empêchera pas de lire, avec curiosité, le deuxième roman d'Yrsa Sigurdardóttir: My Soul to Take. En espérant que l'énigme sera mieux tricotée.

D'autres avis sur le site Euro Crime, signés Maxine et Michelle ainsi que sur Scandinavian Crime Fiction.

samedi 20 février 2010

Séries - Yrsa Sigurdardottir

Code couleurs: islandais / suédois / français / anglais
Édition française: Anne Carrière.

Auteur: Yrsa Sigurdardóttir (Yrsa Sigurðardóttir, née en 1963 - Islandaise)

Série Thóra Gudmundsdóttir (Þóra Guðmundsdóttir)
  1. Þriðja táknið, 2005 / Det tredje tecknet, 2006 / Ultimes rituels, 2011 / Last Rituals, 2007 (billet)
  2. Sér grefur gröf, 2006 / Den som gräver en grav, 2007 / My Soul to Take, 2009
  3. Aska, 2007 / Aska, 2008 / Ashes to Dust, été 2010
  4. Auðnin, 2008 / pas de traduction / Veins of Ice, été 2011
  5. Horfðu á mig, 2009 / pas de traduction / Look at me
  6. Ég man þi, 2011 / pas de traduction / Blessed are the Children

lundi 15 février 2010

International Dagger 2010 - Les paris sont ouverts

Le blog Euro Crime a établi une jolie liste (ni définitive, ni officielle) de candidats potentiels, le critère étant celui-ci:
Eligible books must be crime novels by the broadest definition including thrillers, suspense novels and spy fiction as long as the book was not originally written in English and has been translated into English for UK publication between June 1 2009 and May 31 2010
En 2009 Fred Vargas avait emporté la Dague (catégorie International). Elle avait à ses côtés une flopée d'auteurs scandinaves.

Étant donné que Stieg Larsson, Theorin et Indridason (Hypothermia a reçu de très bonnes critiques) seront encore sur les rangs cette année -parmi bien d'autres- je me demande si le prix pourra échapper aux Scandinaves en 2010 ;-)

Note: info trouvée grâce à l'indispensable Scandinavian Crime Fiction.

dimanche 14 février 2010

206 Bones - Tempe perd les os à Montréal


Temperance Brennan, alias Tempe, alias buttercup, est de retour à Montréal. Elle y enquête, en compagnie d'Andrew Ryan, sur la mort et la disparition de femmes d'un certain âge.

Lorsqu'on ne retrouve qu'un squelette, pas toujours entier, c'est là que Temperance intervient. Elle creuse, recueille les os, les compte, les ramène à l'édifice Wilfrid-Derôme (1) où, boostée par une boisson gazeuse sans sucre très connue, elle les trie, reconstitue les squelettes, s'efforce de les identifier et de déterminer les causes de la mort, puis transmet toutes ces précieuses informations à son détective favori.

Comme dans les précédentes aventures de Tempe, Kathy Reichs (2) s'inspire de faits ou problèmes réels pour bâtir son histoire. C'est un des gros points forts de la série. Dans 206 Bones (Éd. Scribner, 2009), Reichs aborde le thème des erreurs judiciaires causées par des analyses anthropologiques fautives, qu'il s'agisse d'erreur humaine ou bien de "bad anthropology" pratiquée par des experts douteux.

Dans la traditionnelle annexe l'auteur mentionne Innocence Project et rappelle qu'au moment où elle écrit, 234 condamnés ont déjà été innocentés aux USA grâce à des tests ADN. Ce grave problème ne laisse pas indifférente l'anthropologue judiciaire Kathy Reichs. Elle compte bien défendre sa profession... et les justiciables.

Dans ce roman, Temperance Brennan est soupçonnée de bâcler ses analyses. Quelqu'un s'ingénie à torpiller sa réputation. Elle va répliquer avec ses armes favorites: ses connaissances, son expertise, son obstination. Et son Ryan, bien sûr...


* * *

Ce qui fonctionnait très bien dans le premier roman (Déjà Dead) fonctionne toujours avec le douzième, 206 Bones. On retrouve le goût du détail de Kathy/Tempe (3), son humour, son autodérision, son très mauvais caractère (Andrew Ryan a une patience d'ange).

Sans oublier Birdie, le chat.

Je mets toutefois un bémol à mon enthousiasme. Certes, je suis content de retrouver les petites manies de Temperance, mais je reste agacé par son puritanisme.

Il a fallu environ 8 ou 9 bouquins avant que Temperance -la bien nommée- ne se décide à céder au charme de Ryan. Rien pourtant ne la retenait puisqu'elle est séparée de son mari -Pete- depuis le premier volume.

Je me souviens avoir poussé un gros soupir de soulagement lorsqu'enfin Tempe s'est décidée à donner sa chance à Andrew (qui mérite le Prix Nobel de la détermination). C'en était fini de cet interminable pas de deux!

Hélas, trois fois hélas, Reichs a eu une idée "géniale": elle a fait surgir (dans un précédent livre) une ex-copine de Ryan, accompagnée d'une adolescente. Andrew, prenant son rôle de nouveau père très au sérieux, a donc largué Tempe afin de jouer au pater familias. Échec sur toute la ligne, son ex-copine est décidément insupportable, et le voilà qui revient frapper à la porte de Temperance. Et c'est reparti!

206 Bones laisse une irritante impression de déjà vu, avec un Ryan qui -pas gêné- courtise de nouveau une Brennan un poil vexée (on la comprend quand même un peu). Et la question revient sur le tapis: va-t-elle céder? Quand? Va-t-elle plutôt retourner chez elle à Charlotte réfléchir à son absence d'avenir avec Pete, son ex-qu'elle-est-encore-mariée-avec-et-que-c'est-le-père-de-sa-fille-Katy?

Spider Bones devrait sortir en août 2010. Je ne sais pas si je pourrais endurer encore longtemps cette drague interminable entre les deux tourtereaux vieillissants. J'aimerais que Reichs prenne enfin une décision pour Tempe et son cowboy, la rupture ou la vie de couple, et qu'elle se concentre sur l'essentiel: l'intrigue policière et l'anthropologie judiciaire.


---- NOTES ----
(1) Siège de la Sûreté du Québec, mais aussi du LSJML: le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale, ou Tempe -et Kathy Reichs- travaille parfois.

(2) Voir aussi le site des éditions Robert Laffont.

(3) Saviez-vous que la prise de tétracycline durant l'enfance entraînait une coloration disgracieuse des dents? Terrible pour l'estime de soi, mais très utile pour identifier des restes.



[Participe au challenge Lire en VO]


mercredi 10 février 2010

Hiver - Kallentoft présente Malin Fors


Voici les débuts en français d'un autre auteur suédois, Mons Kallentoft. Hiver est publié au Serpent à Plumes, dans une traduction de Max Stadler et Lucile Clauss.

L'action se déroule à Linköping, à côté du lac Roxen. Une région de champs, de forêts et de lacs.

Comme le titre l'indique fort bien, nous sommes en plein hiver. Un hiver particulièrement froid. Les couleurs se limitent au noir des forêts, au blanc de la neige et de la glace, au bleu ou au gris du ciel.

Le roman met en scène Malin Fors, une enquêtrice au sein de la police de Linköping. Séparée de son ex, Jan, elle vit seule avec sa fille de quatorze ans, Tove. Malin consacre l'essentiel de son temps à son travail mais s'efforce de veiller sur son ado. Tove est une fille modèle: elle ne boit pas (contrairement à maman qui lève parfois volontiers le coude), ne se drogue pas. Lorsqu'elle commence à fréquenter un garçon, Markus, c'est un fils de bonne famille, très poli et très sérieux. Ça existe encore des jeunes comme ça à notre époque?!
Qui veut se souvenir de gens qui souffrent? De perdants, de fous? Ces événements, ces gens, ce ne sont que des phénomènes secondaires, mademoiselle Fors. On sait qu'ils existent, mais on ne pense jamais à eux.
Alors que le froid glacial paralyse la campagne et la ville, un automobiliste remarque un étrange fruit accroché à un arbre, dans un champ. Un corps, obèse, nu et gelé, se balance doucement.

Malin et son collègue Zeke sont appelés sur les lieux. La victime a été sévèrement battue avant d'être tuée puis pendue. Qui pouvait vouloir tuer Bengt, surnommé le Ballon? C'était un être très isolé, socialement inadapté, qui n'avait plus de famille et pas d'amis.

Maria Murvall, une assistance sociale, était la seule à s'intéresser un peu à lui, à lui rendre visite, l'inciter à entretenir son petit logement, à parler. Mais Maria Murvall va fournir aux policiers bien plus de questions que de réponses.
Ténèbres. Les ténèbres qui naissent dans une âme jamais éclairée par le regard de l'autre. Qui dépérit et finit par essayer de se sauver elle-même.
Quelqu'un aurait-il voulu se venger du timide Bengt? Ou bien son meurtre si étrange est-il motivé par la folie de quelques adeptes du culte des anciens dieux vikings? Ou encore est-ce que les jeunes qui s'amusaient à martyriser le gros Bengt ont poussé un peu trop loin leur jeu pervers?

Malin Fors et ses collègues vont suivre les pistes qui se présentent, s'efforcer de comprendre un peu mieux la victime dans l'espoir de trouver son assassin.

* * *

Mons Kallentoft met bien à profit la nature de ce coin de Suède. Il nous dépeint le froid, la glace, la mélancolie des bois sombres et des champs en plein hiver. On gèle littéralement. Le contraste est saisissant avec le roman que je viens de lire, Det som ska sonas, où la température est extrême mais dans l'autre sens! De +30 à Tomelilla, me voilà passé à -25 à Linköping, simplement en tournant une page. Les auteurs suédois aiment les excès de température, on dirait.

Les flics d'Hiver ne sont pas follement originaux mais ils sont crédibles. La vie privée de Malin Fors est suffisamment complexe pour ne pas être ennuyeuse et on s'attend à des développements dans les prochains romans. Les ponts sont-ils définitivement rompus entre Jan et Malin? Sa liaison avec le journaliste Daniel Högfeldt va-t-elle rester strictement sexuelle? Comment vont évoluer les relations entre la mère et la fille?

Petite originalité: la victime, Bengt le Ballon, commente les événements - il ne révèle rien et ne peut nullement agir mais ses pensées s'attardent parmi les vivants, le temps de l'enquête.

Un polar glacé. Le rythme ralentit après les 250 premières pages mais cela reste un roman qui se lit très vite car il est difficile de lâcher la lecture. C'est plutôt bon signe.

Pour finir: un résumé de la série Malin Fors.

Séries - Mons Kallentoft

code couleurs: suédois / français / anglais
Éditeur français: Serpent à plumes. Traduction Max Stadler et Lucile Clauss.

Série Malin Fors (au moins cinq titres prévus dans la série selon le site de l'auteur)
  1. Midvinterblod, 2007 / Hiver, 2010 (billet) / Midwinter Sacrifice, 2011
  2. Sommardöden, 2008 / Été, 2010 (billet) / Summertime Death, à paraître
  3. Höstoffer, 2009 / Automne, 2011 / Autumn Sonata, à paraître
  4. Vårlik, 2010 / Printemps, fin 2011 / Spring Remains, à paraître
  5. Den femte årstiden, 2011 / La cinquième saison (?), à paraître / The Fifth Season, à paraître

Voici les couvertures des éditions originales (grand format et/ou pocket):





lundi 8 février 2010

Séries - Arne Dahl

code couleurs: suédois / français / anglais
Éditeur français = Seuil

Série "Groupe A" (11 titres, série terminée)
  1. Misterioso, 1999 /Misterioso, 2008 (billet)
  2. Ont blod, 1998 / Qui sème le sang, 2009 (billet)
  3. Upp till toppen av berget, 2000 / Jusqu'au sommet de la montagne, 2011 (billet)
  4. Europa Blues, 2001 / Europa Blues, 2012
  5. De största vatten, 2002
  6. En midsommarnattsdröm, 2003
  7. Dödsmässa, 2004
  8. Mörkertal, 2005
  9. Efterskalv, 2006
  10. Himmelsöga, 2007
  11. Elva, 2008
Le Groupe A met la clef sous la porte avec Elva, mais Arne Dahl a décidé de réutiliser quelques personnages (dont Paul Hjelm et Kerstin Holm) dans un contexte plus européen. Voici donc un nouveau groupe d'enquête: Opcop, une section secrète -et imaginaire- d'Europol (source Gunilla Wedding).

Série Opcop (quatre titres prévus)
  1. Viskleken, 2011
  2. Hela havet stormar, 2012

Séries - Arnaldur Indridason

code couleur: islandais / français / anglais
Éditeur français: Métailié (grand format), Points (poche)

Série Erlendur Sveinsson (billet)
  1. Synir duftsins, 1997 / pas de traduction / Sons of Dust,
  2. Dauðarósir, 1998 / pas de traduction / Silent Kill,
  3. Mýrin , 2000 (v) / La cité des jarres, 2005 / Jar City, 2004, titre alternatif Tainted Blood (UK)
  4. Grafarþögn, 2001 (v) / La femme en vert, 2006 / Silence of the Grave, 2005
  5. Röddin, 2002 (*) / La voix, 2007 / Voices, 2006
  6. Kleifarvatn, 2004 / L'homme du lac, 2008 / The Draining Lake, 2007
  7. Vetrarborgin, 2005 / Hiver arctique, 2009 / Arctic Chill, 2008
  8. Harðskafi, 2007 / Hypothermie, 2010 (billet) / Hypothermia, 2009
  9. Myrká, 2008 / La rivière noire, 2011 (billet) / Outrage, 2011
  10. Svörtuloft, 2009 / La muraille de lave, 2012
  11. Furðustrandir, 2010
(*) Meilleur polar étranger (prix annuel décerné par la Svenska Deckarakademin, association suédoise)
(v) Clef de Verre - prix annuel décerné par l'association des auteurs de polars nordiques (Islande, Danemark, Norvège, Suède, Finlande)

samedi 6 février 2010

Det som ska sonas - un premier roman prometteur


Olle Lönnaeus est né en 1957. Il est depuis vingt ans journaliste au Sydsvenska Dagbladet pour lequel il rédige des analyses politiques sur la Suède, l'Europe et le Moyen-Orient. Son premier roman, Det som ska sonas, a été publié l'an dernier par Damm Förlag en Suède. L'ouvrage a été remarqué par les membres de la Svenska Deckarakademin qui lui ont attribué un debutpris ("bästa svenska debut", meilleur premier roman suédois de l'année).

Det som ska sonas peut être traduit par "ce qui doit être expié" ou "ce qu'il faut expier".

Pas de traduction française annoncée pour le moment. [Mise à jour été 2011: l'ouvrage va être traduit en français chez Liana Levi sous le titre Ce qu'il faut expier.]

Konrad Jonsson, journaliste à la dérive après une expérience traumatisante sur le terrain, est à Malmö lorsqu'il reçoit un appel de la police d'Ystad (la ville du célèbre commissaire Kurt Wallander). Ses parents adoptifs, Herman et Signe Jönsson, ont été retrouvés abattus d'une balle dans la nuque dans leur maison à Tomelilla, une petite ville au nord d'Ystad, en Scanie (la région située à l'extrémité sud de la Suède).

Trente ans se sont écoulés depuis le départ de Konrad, alors âgé de 17 ans. Trente ans qu'il a passés à bourlinguer, d'abord sur les mers pour le compte d'un armateur d'Oslo, puis comme journaliste. Il a eu le temps de rencontrer une femme lors d'un long séjour en Suède, de lui faire un enfant -Maria- puis de fuir à nouveau. Sa ville d'attache a longtemps été Berlin, qu'il a connue à l'époque du Mur. Il y a rencontré Sonja, une artiste avec laquelle il entretient une relation épisodique. C'est pourtant en Suède qu'il revient après avoir frôlé la mort. Depuis son départ à l'âge de 17 ans il n'est toutefois jamais retourné à Tomelilla, n'a jamais revu ses parents adoptifs ni ses anciens camarades d'enfance.

Konrad n'éprouve guère de tristesse en apprenant la mort de Herman et Signe. Son retour à Tomelilla est surtout motivé par les besoins de l'enquête de police mais aussi par une quête personnelle: sa mère, Agnes Stankiewic, a disparu lorsqu'il avait sept ans. Konrad a quelques vagues souvenirs d'elle. Il se souvient par contre très bien des tourments que les autres enfants -et certains adultes- faisaient volontiers subir au fils de "la Polonaise", Agnieszka. Agnes, sa mystérieuse mère.

De retour à Tomelilla, Konrad va retrouver la petite communauté avec ses ivrognes, sa pauvreté, ses racistes... Jadis la xénophobie visait "les Polacks", aujourd'hui ce sont les Kurdes ou les Albanais qui sont montrés du doigt. Mais il retrouve aussi des visages amicaux, comme le vieux journaliste Örjan Palander, amateur de cigares infects, Sven Myrberg, son ancien grand ami d'enfance à qui il avait jadis tourné le dos, prisonnier de ses propres préjugés homophobes (Konrad, le fils abandonné, a tendance à abandonner ceux qui l'aiment: son vieux copain Sven, sa fille Maria lorsqu'elle était bébé). Il y a aussi Gertrud, la sœur de Sven; la fillette d'alors est devenue une belle femme, avec quelques secrets.

Et puis il y a Klas, le fils de Herman et Signe. Klas n'a jamais aimé Konrad, qui le lui rend bien.

Le premier problème de Konrad sera toutefois la police. Herman et Signe, deux âmes pieuses, humbles et effacées, avaient gagné au Loto quelque temps avant leur mort. Ne sachant que faire de cet argent ils l'avaient déposé sur un compte bancaire. Cette petite fortune transforme inévitablement les deux frères ennemis en suspects aux yeux de l'inspectrice Eva Ström et de son patron, le glacial commissaire Björn Bernhardsson...

* * *

Olle Lönnaeus a bien travaillé le cadre et les personnages. J'ai été particulièrement intéressé par Sven Myrberg, garçon original (le premier Suédois à aller sur la Lune!) qui a connu lui aussi le mépris -y compris de la part de son grand ami Konrad- mais est parvenu à se bâtir un petit univers et une étrange vie de couple. Herman et Signe, dans un genre très différent, sont relativement complexes sous leur médiocrité apparente mais nous ne les découvrons qu'à travers les souvenirs de Konrad. Maria, la fille désormais adulte, est peu présente (elle étudie le droit à Stockholm) mais attachante.

Tous ces personnages -et leurs secrets- se dévoilent lentement, au fil des 320 pages. Det som ska sonas n'est pas un roman d'action. Tout repose sur les personnages, leurs relations compliquées, leurs sentiments.

Konrad, l'ancien journaliste de terrain, est en effet plutôt mollasson. Il semble paralysé à la fois par un traumatisme récent qui hante encore ses nuits et par le fait de retrouver le village de son enfance, ce qui lui rappelle sans cesse la mystérieuse disparition de sa mère, Agnes. Il agit peu, est englué dans ses souvenirs, mais heureusement pour lui il s'attire la sympathie -voire l'amour- de personnes capables de l'aider, de le secouer un peu.

Det som ska sonas est un bon petit roman d'ambiance, qui ne sera peut-être pas très populaire à Tomelilla (l'auteur y met en scène divers racistes et de vieux nazis, ce qui n'est vraiment pas une nouveauté dans la littérature policière suédoise) mais qui se lit sans déplaisir. Un peu plus d'originalité ne nuirait pas pour un second roman, la qualité d'écriture est quant à elle déjà là. Un auteur à suivre.

* * *
Anecdote

J'ai un peu souffert en lisant ce roman. Le langage est riche, varié, ce qui a entraîné quelques difficultés de lecture.

La plus amusante est survenue dans la description de la maison de Herman et Signe Jönsson. La demeure est décrite comme une "eternithus". Mais qu'est-ce que c'est que ça? Une maison d'éternité? Je ne voyais pas le rapport avec l'histoire et me doutais que quelque chose m'échappait complètement... Mon petit dictionnaire ayant déclaré forfait c'est sur Internet que j'ai trouvé la réponse. Le mot "eternit" est un nom de marque, également utilisé dans un sens générique (comme kleenex ou sopalin). Il désigne un type de revêtement de façade: il s'agit d'amiante broyé et concassé, mélangé à du ciment. Pas très sexy... Les "eternithus" étaient paraît-il populaires dans les années quarante et cinquante.


[Participe au challenge Lire en VO]


vendredi 5 février 2010

Top 10 Europe 2009

The Bookseller publie la liste des dix auteurs en tête des ventes en Europe en 2009:

Top 10 ranking of fiction writers in Europe in 2009

1 Stieg Larsson
2 Stephenie Meyer
3 Dan Brown
4 Paolo Giordano
5 Carlos Ruiz Zafón
6 Camilla Läckberg
7 Herman Koch
8 Tatiana de Rosnay
9 Henning Mankell
10 John Grisham
"The ranking analysed chart data, between January and December 2009, from seven of Europe’s largest book markets, attributing points for every month that a title has stayed in the top 10 bestselling lists of Buchreport/Der Spiegel in Germany, Livres Hebdo/Ipsos in France, Informazioni Italiani in Italy, Boekblad/GfK in the Netherlands, El cultural in Spain, Svensk Bokhandel in Sweden, and The Bookseller in the UK. Compilation and analysis by Rüdiger Wischenbart Content and Consulting"
La liste comprend trois auteurs suédois. Pas mal pour un pays de 9 millions d'habitants.

mercredi 3 février 2010

L'Écho des morts - petit conseil aux lecteurs


[Attention, ce billet contient un spoiler, ne le lisez pas si vous n'avez pas encore vu... le film Psychose d'Hitchcock.]

Petit conseil pour ceux qui ont l'intention de lire le deuxième roman de Johan Theorin, L'écho des morts, à paraître sous peu chez Albin Michel :

Abstenez-vous de lire les résumés de l'histoire, y compris la présentation de l'éditeur.

Le choix de la couverture du premier roman, L'heure trouble, m'avait déjà intrigué. Non, il ne neige pas dans le sud de la Suède en août ou en septembre. Visiblement les personnes chargées du choix de la photo de couverture n'avaient même pas pris la peine de lire le bouquin. "Suède = neige", ce raisonnement leur suffisait.

L'éditeur a fait un bel effort pour la couverture du deuxième roman. Il y a bel et bien un phare dans l'histoire! Il y en a même deux.

C'est le résumé proposé sur le site d'Albin Michel qui m'énerve (résumé repris par toutes les boutiques en ligne).

C'est un peu comme si quelqu'un vous encourageait à aller voir Psychose d'Alfred Hitchcock en vous précisant que la fille du début se fait trucider dans sa baignoire, et vous mimait en prime la célébrissime scène. Ce n'est pas très grave mais cette indiscrétion va vous priver d'une surprise voulue par Hitchcock (il avait choisi une actrice très populaire à l'époque afin justement de surprendre son public qui ne s'attendait pas à la voir disparaître dès le début de l'histoire).

Johan Theorin lui aussi aime faire des surprises. Il en réserve une aux lecteurs au tout début du roman, et l'éditeur vend tranquillement la mèche. Encore une fois ce n'est pas dramatique, le roman contient bien d'autres rebondissements, mais une telle attitude frise selon moi la faute professionnelle. Respecter le travail de l'auteur et le plaisir des lecteurs, est-ce trop demander?

Si vous voulez avoir un avis sans spoilers sur L'écho des morts, vous pouvez lire mon billet. Quant à moi je vais peut-être envoyer mon CV à Albin Michel ;-)

Ajout 7/02 - un billet court et bien fait (Albin Michel pourrait en prendre de la graine) en anglais sur le site Scandinavian Crime Fiction. Je le recommande surtout à ceux qui n'ont pas encore pris la décision de lire L'écho des morts.